Résumé de la décision
Par un jugement du 5 janvier 2018, le tribunal administratif de Rennes a annulé l'arrêté de transfert du préfet d'Ille-et-Vilaine, qui avait décidé de remettre M. D... A..., un demandeur d'asile soudanais, aux autorités italiennes. Le préfet a fait appel de ce jugement. Le Conseil a statué sur la demande d'annulation de l'article 2 de ce jugement et a également rejeté la demande d'annulation de l'article 3, qui imposait à l'Etat de verser 700 euros à M. D... A... au titre des frais engagés pour l'instance. Le Conseil a déclaré que le transfert est devenu caduque en raison du dépassement du délai de six mois prévu pour l'exécution de la mesure, ce qui a rendu la France responsable de l'examen de la demande d'asile de M. D... A....
Arguments pertinents
1. Caducité du transfert : Le Conseil a souligné que le délai de six mois pour le transfert de M. D...A... vers l’Italie a commencé à courir à partir du jugement du 5 janvier 2018, après avoir été interrompu par la saisine du tribunal. En conséquence, comme ce délai n’a pas été respecté, la décision de transfert est devenue caduque. Le Conseil a précisé : « le délai initial de six mois [...] a été interrompu par la saisine de la magistrate et a recommencé à courir intégralement à compter du jugement du 5 janvier 2018 ».
2. Responsabilité de l'Etat : Avec la caducité du transfert, la France est devenue responsable de la demande d'asile sur le fondement de l'article 29 du règlement n° 604/2013. Ainsi, il n’y avait plus lieu de statuer sur les conclusions relatives à l'annulation de l'arrêté.
3. Frais engagés : Concernant la somme de 700 euros, le Conseil a considéré que l’appréciation du premier juge sur les frais était juste, en déclarant que le préfet d'Ille-et-Vilaine n'était pas fondé à demander l’annulation de cette partie du jugement.
Interprétations et citations légales
1. Règlement n° 604-2013 : L'article 29 de ce règlement est central dans la décision. Il précise que « si le transfert n'est pas exécuté dans le délai de six mois, l'Etat membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge [...] la responsabilité est alors transférée à l'Etat membre requérant ». Cela signifie que le non-respect de ce délai entraîne des conséquences directes sur la responsabilité d'examen de la demande d'asile.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que « les frais exposés par les parties peuvent être mis à la charge de l'Etat ». Dans ce cas, le tribunal a jugé que les frais demandés par M. D... A..., à savoir 700 euros, étaient justifiés et a donc confirmé l'obligation pour l'État de verser cette somme.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Cet article, en synergie avec l'article L. 761-1 précité, permet au juge administratif d’ordonner la prise en charge des frais engagés dans le cadre de l’instance, ce qui a également été pris en compte pour justifier le maintien de l’obligation de paiement à M. D... A....
En somme, la décision prise par le Conseil s'appuie sur une analyse rigoureuse du délai et de la responsabilité en matière d'asile, tout en veillant à ce que les droits des parties soient respectés conformément à la législation en vigueur.