Résumé de la décision
La commune de Saint-Maurice-Montcouronne a fait appel d'un jugement du Tribunal administratif de Versailles qui annulait un arrêté la plaçant en disponibilité d'office M. A... et lui ordonnait de le réintégrer, de reconstituer sa carrière, ainsi que ses droits sociaux, tout en lui versant une indemnité. En raison de l'appel, M. A... a demandé l'exécution de ce jugement en faisant valoir que la commune n'avait pas respecté ces obligations. La cour a constaté que la commune avait finalement exécuté le jugement en reconstituant les droits de M. A... et a ainsi considéré que les demandes d'exécution étaient devenues sans objet. Par conséquent, la commune a été condamnée à verser 1 500 euros à M. A... pour couvrir ses frais.
Arguments pertinents
1. Obligation d’exécution des jugements d’annulation : La cour souligne que lorsque qu’un jugement annule une décision d’éviction d’un agent public, l'autorité administrative est tenue de réintégrer l'agent et de reconstituer sa carrière de manière rétroactive, sans qu'une demande de l'agent soit nécessaire : « l’autorité administrative est tenue de procéder d’office, sans qu’il soit nécessaire que l’intéressé en fasse la demande, à sa réintégration juridique et à la reconstitution de sa carrière ».
2. Exécution intégrale par la commune : La cour a constaté que la commune avait pris les mesures pour reconstituer les droits de pension de M. A..., ce qui a conduit à conclure qu'elle avait satisfait à ses obligations au regard du jugement initial : « la commune doit, par suite, être regardée comme ayant entièrement exécuté le jugement n° 1405035 du 28 mars 2017 ».
3. Indemnisation des frais : La cour a accordé à M. A... une somme au titre des frais engagés, en application de l’article L. 761-1 qui prévoit le remboursement des frais exposés par la partie victorieuse : « la commune de Saint-Maurice-Montcouronne versera à M. A...une somme de 1 500 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ».
Interprétations et citations légales
1. Autorité administrative et réintégration : La décision rappelle que l’autorité administrative doit agir de son propre chef dans l’exécution de jugements annulant des évictions, sans attendre une sollicitation :
- Code de justice administrative - Article L. 911-4 : « En cas d'inexécution d'un jugement ou d'un arrêt, la partie intéressée peut demander au tribunal administratif ou à la cour administrative d'appel qui a rendu la décision d'en assurer l'exécution. »
2. Caractérisation de l'exécution complète : La nécessité pour la collectivité de régulariser la situation de l'agent est renforcée par les obligations sociales et de retraite qui en découlent :
- Code de justice administrative - Article R. 921-6 : stipule les modalités en cas d’inexécution des jugements — notamment la possibilité pour le président d'ouvrir une procédure d'exécution en cas de besoin.
3. Réparation du préjudice matériel : La cour a souligné que, en l'absence d'indemnisation pour préjudice matériel, l'administration doit couvrir les cotisations dues :
- « il incombe à l'administration de prendre à sa charge le versement de la part salariale de ces cotisations, au même titre que celui de la part patronale ».
Ainsi, cette décision met en exergue la responsabilité des autorités administratives envers leurs agents et la nécessité d'assurer une exécution complète des jugements, tout en garantissant des compensations appropriées pour les frais engagés.