Résumé de la décision
Dans cette affaire, plusieurs ressortissants français vivant aux États-Unis ont demandé la suspension de l'exécution des dispositions du décret n° 2020-1262 du 16 octobre 2020, qui imposent aux voyageurs se rendant en France un test de dépistage COVID-19. Ils ont soutenu que ces mesures portent atteinte à des droits fondamentaux, notamment en engendrant une rupture d'égalité et en complexifiant l'accès à la France. Cependant, le Conseil d'État a rejeté leur requête en raison de l'absence d'objet, ayant noté qu'un nouveau décret abrogeant le précédent avait été pris avant l'introduction de leur demande.
Arguments pertinents
1. Recevabilité et urgence : Les requérants ont soutenu que leur action était recevable puisqu'ils avaient un intérêt à agir et que leur requête avait été introduite dans le délai de recours. Ils ont également argué que la condition d'urgence était respectée en raison des atteintes aux libertés fondamentales et de l'impact immédiat sur un intérêt public.
2. Atteinte à la liberté fondamentale : Ils ont affirmé que le décret contesté porte atteinte au droit d'entrer et de rester en France et qu'il constitue une rupture d'égalité entre les ressortissants des pays de la liste rouge et ceux des listes verte et européenne, sans justification fondée sur des données sanitaires.
3. Excès de pouvoir : Les requérants ont contesté la légalité de la procédure d'exemption mise en place, la qualifiant d'excès de pouvoir en raison de son manque de publication régulière.
4. Atteinte à la vie privée : Ils ont avancé que l'obligation de communiquer des informations sur les voyages pertinents viole le droit à la vie privée.
Citations pertinentes : « Quand une décision administrative [...] fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés ... peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie » (Code de justice administrative - Article L. 521-1).
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a jugé que, même si les requérants avaient soulevé des questions légitimes concernant la légalité du décret, l'abrogation de celui-ci par le décret du 29 octobre 2020 a privé leur demande de tout objet. Cette décision est fondée sur le principe selon lequel une requête nécessite des éléments d'actualité et de pertinence. Comme mentionné dans l'article L. 522-3 du Code de justice administrative, un juge peut rejeter une requête qui est frappée d'irrecevabilité sans instruction, lorsque la condition d'urgence n'est pas remplie ou que la demande ne relève pas de la juridiction administrative.
Il est également pertinent de noter que l'absence d'une nouvelle réglementation en vigueur à la date de la requête empêche une appréciation sur le fond. La décision met en lumière que les mesures sanitaires, qui sont temporaires et soumises à évolution, requièrent une actualité dans les moyens invoqués par les requérants.
En conclusion, les arrêts récents renforcent l'idée que les requêtes doivent être suffisamment actuelles pour pouvoir être examinées, ce qui a conduit à la décision de rejet du Conseil d'État dans cette affaire.