Résumé de la décision
Le syndicat Action et Démocratie - CFE-CGC, représentant des enseignants, a saisi le Conseil d'État d'une requête demandant la suspension de l'exécution d'une circulaire du 14 septembre 2020 relative aux modalités de port du masque dans le cadre de l'épidémie de Covid-19. Cette circulaire stipule que les enseignants présentant une contre-indication médicale au port du masque doivent fournir un avis d'arrêt de travail d'un médecin pour être placés en congé ordinaire de maladie. Le Conseil d'État a rejeté la requête, estimant qu'il n'existait pas un doute sérieux quant à la légalité de la circulaire, notamment en ce qui concerne la définition des conditions justifiant un arrêt de travail.
Arguments pertinents
1. Compétence et qualité du requérant : Le Conseil d'État a reconnu la compétence en premier et dernier ressort et la légitimité du syndicat à agir. Cependant, cela n'a pas suffi à établir la légalité de la demande.
2. Condition d'urgence : Bien que le syndicat ait avancé que de nombreux enseignants présentent des contre-indications médicales, le Conseil d'État a jugé qu'il n'était pas nécessaire de se prononcer sur l'urgence, une fois la requête rejetée sur le fond.
3. Doute sérieux concernant la légalité : Le requérant a argué qu'une contre-indication médicale ne pourrait pas être considérée comme une "maladie dûment constatée" au sens de l'article 34 de la loi n°84-16 du 11 janvier 1984, ce qui empêcherait les agents d'obtenir un arrêt de travail. Cependant, le Conseil a précisé que "dès lors qu'est en cause une contre-indication médicale [...] physiquement inapte à exercer ses fonctions dans les conditions imposées par le décret", la condition pour obtenir un arrêt de travail pourrait être satisfaite.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du code de justice administrative : Cet article établit les conditions de suspension d'une décision administrative. Il stipule que le juge des référés peut ordonner la suspension d'une décision lorsque l'urgence est justifiée et qu'il existe un doute sérieux quant à sa légalité. Le refus de suspendre la circulaire souligne l'absence de ce doute.
2. Loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 - Article 34 : Définissant le droit des fonctionnaires à des congés de maladie, cet article impose que le fonctionnaire fournisse un avis d'arrêt de travail. Le Conseil d'État a interprété que "la transmission par le fonctionnaire, à son administration, de l'avis d'arrêt de travail justifiant du bien-fondé du congé de maladie" est applicable, même en cas de contre-indication au port du masque, tant que la condition d'aptitude physique est respectée.
3. Décret n° 2020-860 du 10 juillet 2020 : Ce décret impose des mesures de port du masque, et le Conseil a noté que le respect de ces mesures par le personnel, en particulier en cas de contre-indication, doit se faire suivant les exigences médicales et administratives établies.
Conclusion
Le Conseil d'État, par cette décision, met en lumière l'importance de la définition précise des termes dans la législation relative à la santé publique et aux droits des fonctionnaires. Bien que le syndicat ait soulevé des préoccupations légitimes concernant les droits de ses membres, le rejet de la patente à suspendre la circulaire démontre le poids des considérations administratives et des exigences procédurales dans le cadre des décisions relatives à la santé et à la sécurité au travail, en période de crise sanitaire.