Résumé de la décision
M. B..., détenu au centre pénitentiaire de Vivonne, a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Poitiers pour obtenir une provision de 2 928,44 euros, qu'il estime due par l'administration pénitentiaire en vertu des dispositions du code de procédure pénale concernant la rémunération du travail des détenus. Le juge des référés a admis sa demande, mais cette décision a été contestée par la garde des sceaux, ministre de la justice, qui a demandé son annulation. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés, considérant que la demande de M. B... était irrecevable en raison de l'absence d'une demande préalable auprès de l'administration.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la demande : Le Conseil d'État a souligné que, selon l'article R. 421-1 du code de justice administrative, une requête tendant au paiement d'une somme d'argent n'est recevable qu'après qu'une décision a été prise par l'administration sur une demande préalablement formée. En l'espèce, M. B... n'avait pas saisi l'administration d'une demande préalable, rendant sa requête irrecevable.
> "Il résulte des dispositions de l'article R. 421-1 du code de justice administrative... qu'en l'absence d'une décision de l'administration rejetant une demande formée devant elle par le requérant... une requête tendant au paiement d'une somme d'argent est irrecevable."
2. Erreur de droit : Le juge des référés a commis une erreur de droit en admettant la recevabilité de la demande de provision sans que M. B... ait préalablement saisi l'administration.
> "Il s'ensuit qu'en admettant la recevabilité de la demande de provision de M. B... alors que l'intéressé n'avait pas saisi l'administration d'une demande préalable, le juge des référés... a entaché l'ordonnance attaquée d'erreur de droit."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 541-1 du code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'accorder une provision lorsque l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable. Cependant, il est subordonné à la condition que la demande ait été préalablement formée auprès de l'administration.
> "Le juge des référés peut... accorder une provision au créancier... lorsque l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable."
2. Article R. 421-1 du code de justice administrative : Cet article précise que la juridiction ne peut être saisie que par voie de recours formé contre une décision, et ce, dans un délai de deux mois. Il établit également que les demandes de paiement d'une somme d'argent nécessitent une décision préalable de l'administration.
> "La juridiction ne peut être saisie que par voie de recours formé contre une décision... Lorsque la requête tend au paiement d'une somme d'argent, elle n'est recevable qu'après l'intervention de la décision prise par l'administration sur une demande préalablement formée devant elle."
En conclusion, la décision du Conseil d'État rappelle l'importance de respecter les procédures administratives préalables avant de saisir le juge des référés pour une demande de provision, soulignant ainsi le cadre juridique strict qui régit les recours en matière administrative.