Résumé de la décision
La société IKB Deutsche Industriebank a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant l'article 235 ter ZAA du code général des impôts, qui impose une contribution exceptionnelle aux entreprises réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant que la disposition contestée ne portait pas atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, notamment en ce qui concerne l'égalité devant la loi et la liberté d'entreprendre.
Arguments pertinents
1. Application de la loi organique sur le Conseil constitutionnel : Selon l'article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958, une QPC peut être soulevée si la disposition contestée est applicable au litige, n'a pas déjà été déclarée conforme par le Conseil constitutionnel, et présente un caractère sérieux.
2. Caractère justifié de la contribution : Le législateur a introduit cette contribution exceptionnelle pour les grandes entreprises au regard de leurs capacités contributives accrues. Les articles 3 et 4 de la décision soulignent que le seuil de 250 millions d'euros sert un but d'intérêt général et que la contribution est limitée à 5 % de l'impôt sur les sociétés dû, de sorte qu'elle ne constitue pas une atteinte disproportionnée.
> "le législateur a entendu soumettre les grandes entreprises à une contribution supplémentaire, compte tenu de leurs capacités contributives plus fortes."
3. Différences de traitement justifiées : La décision mentionne qu'il existe une différence de traitement entre les sociétés étrangères opérant sous forme de succursale ou de filiale, mais cela découle de la nature même des entités. Cette différence n'est pas en soi constitutive d'une atteinte à l'égalité :
> "S'il existe... une différence entre les chiffres d'affaires à prendre en compte... elle est la conséquence nécessaire de l'absence de personnalité propre de la succursale."
4. Liberté d'entreprendre : Bien que la liberté d'entreprendre puisse être restreinte par des lois, les limitations doivent être justifiées et ne pas entraîner d'atteintes disproportionnées. Le Conseil a jugé que la différence de traitement ne constitue pas une atteinte excessive :
> "cette seule circonstance ne porte, en tout état de cause, pas une atteinte excessive à la liberté d'entreprendre."
Interprétations et citations légales
- Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : Cet article précise les conditions de recevabilité d'une QPC devant le Conseil d'État. La décision souligne l'importance de ces critères pour le traitement des questions de constitutionnalité.
- Code général des impôts - Article 235 ter ZAA : La disposition impose une contribution exceptionnelle pour les entreprises ayant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros. La décision du Conseil d'État rappelle que cette contribution est un outil législatif de régulation fiscale visant les grandes entreprises, et souligne que les différences de traitement entre les types d'entités économiques sont justifiées.
- Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 - Article 4 : Cet article établit la liberté d'entreprendre, qui peut être limitée sous certaines conditions. Le raisonnement du Conseil se base sur cette liberté pour conclure que la contribution exceptionnelle ne porte pas atteinte de manière disproportionnée aux droits des entreprises.
En résumé, le Conseil d'État a estimé que la QPC soulevée par la société IKB Deutsche Industriebank ne présentait pas de fondement suffisant pour justifier un renvoi au Conseil constitutionnel, affirmant la légitimité de la loi fiscale contestée.