Résumé de la Décision
M. B... A..., originaire du Cameroun, a formulé une demande d'asile en France après que ses empreintes digitales aient été relevées en Italie. Le préfet de l'Essonne a ordonné son transfert vers l'Italie et son assignation à résidence. Ces décisions ont été annulées par le tribunal administratif de Versailles, mais la cour administrative d'appel de Versailles a, par la suite, annulé cette décision. M. A... a donc formé un pourvoi. Le Conseil d'État a rejeté ce pourvoi, considérant que la décision du 4 septembre 2018, par laquelle la France a reconnu sa responsabilité dans l'examen de la demande d'asile, avait mis un terme à l'arrêté de transfert qui n'avait pas été exécuté. Il a également déclaré que les conclusions concernant l'assignation à résidence étaient infondées.
Arguments Pertinents
1. Inadéquation de l'objet du pourvoi : Le Conseil d'État a relevé que la demande d'asile de M. A..., enregistrée le 4 septembre 2018, a abouti à la reconnaissance de la responsabilité de la France dans l'examen de sa demande, rendant ainsi sans objet le pourvoi concernant l'arrêté de transfert vers l'Italie. Cela est corroboré par l'article 17 du règlement européen n°604/2013 qui stipule qu'un État membre peut décider d'examiner une demande d'asile, indépendamment de la responsabilité initialement attribuée.
> "Chaque État membre peut décider d'examiner une demande de protection internationale... même si cet examen ne lui incombe pas en vertu des critères fixés dans le présent règlement."
2. Motivation de l'assignation à résidence : La cour a jugé que la décision d'assignation à résidence était suffisamment motivée, prenant en compte les considérations de droit et de fait qui justifiaient cette mesure. Le Conseil d'État a donc validé les conclusions de la cour administrative d'appel sur ce point, affirmant qu'il n’y avait pas dénaturation des faits.
> "En retenant... que cette décision précisait les considérations de droit et de fait... la cour n’a pas entaché son arrêt de dénaturation."
Interprétations et Citations Légales
1. Règlement (UE) n°604/2013 - Article 17 :
- Cet article introduit la possibilité pour un État membre d'examiner une demande d'asile; cela est crucial dans le contexte de l'arrêt, car il justifie la décision de la France de traiter la demande d'asile de M. A... malgré l'identification d'un premier Etat responsable.
2. Constitution - Article 53-1 :
- Le Conseil a évoqué que les autorités ont le droit de donner asile à tout étranger persécuté, ce qui s'inscrit dans un contexte plus large de protection des droits humains en France. Cela souligne la capacité des États à exercer leur discrétion dans les affaires d'asile, renforçant le fondement juridique de la décision d’examiner la demande d’asile de M. A...
3. Code de justice administrative - Articles L. 761-1 et 37 de la loi du 10 juillet 1991 :
- Ces dispositions traitent des frais d'instance et des condamnations pécuniaires, affirmant qu'aucune somme ne peut être mise à la charge de l'État, qui n'est pas la partie perdante. Cela souligne la rigueur du droit administratif dans la notion de responsabilité en matière d’instance.
> "Les dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative... font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'État, qui n'est pas... la partie perdante."
En conclusion, la décision du Conseil d'État clarifie l’application des normes européennes en matière d’asile et illustre les protections accordées par les textes nationaux, favorisant ainsi un équilibre entre responsabilité d'État et protection des droits de l'individu.