Résumé de la décision
Mme A... a fait l'objet d'un suivi médical dans deux établissements hospitaliers, où la mort in utero de son foetus a été constatée. M. et Mme A... ont sollicité une expertise sur la prise en charge subie, mais leur demande de récusation de l'expert a été rejetée. Le tribunal administratif a conclu que la prise en charge était conforme aux règles de l'art et a rejeté la demande d'indemnisation. En revanche, la cour administrative d'appel a également rejeté leur appel. M. et Mme A... se sont pourvus en cassation, ce qui a conduit à l'annulation de l'arrêt de la cour d'appel, basé sur le manque d'impartialité de l'expert. La décision prévoit également le versement de 3 000 euros au titre des frais de justice à M. et Mme A...
Arguments pertinents
1. Recevabilité du moyen de récusation : Le Conseil d'État a explicitement affirmé qu’en vertu de l’article R. 621-6 du code de justice administrative, les parties peuvent récuser un expert avant le début des opérations d'expertise ou dès que la cause de récusation est révélée. Utilisant l'article R. 621-6-4, le Conseil a noté que le jugement de récusation pouvait faire l'objet d'un appel, même si le jugement de fond était séparé. Il a donc rejeté l'argumentation des hôpitaux voulant restreindre cette possibilité.
2. Impartialité de l'expert : Le Conseil d'État a stipulé que les faits entourant le Dr Belaiche, ses responsabilités dans des organisations médicales et ses prises de position publique sur la défense des gynécologues-obstétriciens jetaient un doute sur son impartialité. La cour d’appel a été jugée avoir inexactement apprécié la situation, ce qui a conduit à l'annulation de son arrêt.
Extrait pertinent : "la cour administrative d'appel a inexactement qualifié les faits qui lui étaient soumis en jugeant que, dans les circonstances de l'espèce, M. et Mme A... n'étaient pas fondés à mettre en cause l'impartialité du Dr Belaiche".
3. Dépens et frais de justice : Le Conseil d'État a rappelé que selon l'article L. 761-1 du code de justice administrative, les frais de justice doivent être mis à la charge de la partie qui perd le procès. Comme M. et Mme A... n'ont pas perdu, une somme leur a été accordée.
Interprétations et citations légales
1. Sur la récusation des experts : La procédure de récusation est encadrée par les articles d'une manière qui permet aux parties de contester l'impartialité d'un expert. L’article R. 621-6 stipule que "la partie qui entend récuser l'expert ou le sapiteur doit le faire avant le début des opérations ou dès la révélation de la cause de la récusation". Cela a été crucial pour la décision du Conseil qui a affirmé qu'il était légitime pour M. et Mme A... d'avance en ce sens.
2. Impartialité, responsabilité et conflit d'intérêts : Les décisions ont mis en lumière que l'appartenance à des organisations professionnelles et les déclarations publiques de l'expert peuvent créer un conflit d'intérêts. Cet aspect est essentiel pour garantir l'intégrité du processus d'expertise. En mentionnant que la cour a "inexactement qualifié les faits", cela indique l'importance d'un examen minutieux des circonstances entourant le statut de l'expert.
3. Répartition des frais : L'article L. 761-1 du code de justice administrative souligne que "la perte d'une instance entraîne une contribution aux dépens". En l'espèce, puisque M. et Mme A... étaient considérés comme la partie gagnante, la décision de leur accorder 3000 euros semble en concordance avec les principes de ce texte légal, attestant que les hôpitaux doivent supporter les frais liés au procès, indépendamment de l'issue initiale.
Cette décision réaffirme l'importance de l'impartialité dans la conduite des expertises judiciaires, un point critique dans le domaine médical et légal.