Résumé de la décision
Le Conseil d'État a examiné trois requêtes visant à annuler le décret n° 2018-390 du 24 mai 2018, autorisant la mise en œuvre d'un traitement de données à caractère personnel, dénommé "système national de gestion des identifiants". Les requérants, M. C..., M. D..., et le syndicat TALESS, soutenaient que le décret était illégal pour plusieurs raisons. Le Conseil d'État a décidé de rejeter ces requêtes, considérant que les arguments avancés par les requérants ne justifiaient pas l'annulation du décret.Arguments pertinents
1. Conformité au processus légal : Le Conseil d'État a constaté que le décret en question respectait les régulations sur l'examen des projets de décret. Il a noté que toutes les dispositions étaient conformes à la version soumise en Conseil d'État : "Aucune disposition du décret dont l'annulation est demandée ne diffère à la fois du projet soumis au Conseil d'État et du texte adopté par ce dernier".2. Absence d'illégalités dans l'avis de la CNIL : Les requérants ont tenté de contester le décret sur la base de l'avis rendu par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Cependant, le Conseil d'État a jugé que cet avis ne pouvait pas être considéré comme défaillant : "Les requérants ne sauraient utilement invoquer... les illégalités dont ils allèguent que serait entaché l'avis".
3. Légalité du traitement des données personnelles : Le Conseil a également rejeté les arguments selon lesquels le traitement de données relatives à des personnes nées à l'étranger était illégal. Il a affirmé que "ni la loi du 6 janvier 1978... ni d'autres dispositions... ne font obstacle, par principe, à la mise en œuvre de traitements de données personnelles".
4. Sur le monopole de la Sécurité sociale : Les requérants ont prétendu que le monopole de la Sécurité sociale contrevenait au droit de l'Union européenne. Cependant, le Conseil a jugé que cet argument n'était pas recevable : "Le moyen tiré de ce que le monopole de la Sécurité sociale méconnaîtrait le droit de l'Union européenne ne saurait être utilement invoqué".
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État s'est fondé sur plusieurs textes législatifs et réglementaires dans sa décision :1. Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 : Cette loi régit la protection des données personnelles en France. Le Conseil a précisé que "ni la loi du 6 janvier 1978... ni d'autres dispositions... ne font obstacle, par principe, à la mise en œuvre de traitements de données personnelles".
2. Directives européennes : Le Conseil d'État a cité les directives 92/49/CEE, 92/96/CEE et 2009/138/CE, mais n’a pas fourni de critique substantielle à leur égard dans le contexte du décret, indiquant ainsi que la réglementation nationale était conforme au droit de l'Union.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cette disposition régit les frais de justice. Le Conseil a statué que "leurs requêtes doivent être rejetées, y compris leurs demandes présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative", signifiant qu'aucune indemnisation n'était due aux requérants.
Ainsi, la décision du Conseil d'État souligne l'importance de la conformité procédurale dans l'adoption des décrets et la légitimité des traitements de données dans le cadre juridique français et européen.