Résumé de la décision :
L'association de défense et de recours des riverains de l'axe RCEA a introduit une requête visant à rectifier une erreur matérielle dans la décision du Conseil d'État du 12 octobre 2018, qui avait rejeté leur demande d'annulation du décret n° 2017-579 du 20 avril 2017. Le Conseil d'État a examiné la requête et a décidé de la rejeter pour les raisons suivantes : d'une part, aucune erreur matérielle n'a été établie concernant l'appréciation juridique sur la date à laquelle le décret était applicable, et d'autre part, les moyens soulevés par l'association avaient déjà été implicitement écartés dans la décision précédente.
Arguments pertinents :
1. Erreur matérielle : Le Conseil d'État a précisé qu'un recours en rectification d'erreur matérielle ne peut être admis que pour des erreurs qui ne sont pas imputables aux parties et qui ont affecté le jugement. Il a conclu que l'association requérante n’a pas prouvé que la décision du 12 octobre 2018 contenait une telle erreur.
> "Le recours en rectification d'erreur matérielle n'est ainsi ouvert qu'en vue de corriger des erreurs de caractère matériel qui ne sont pas imputables aux parties et qui ont pu avoir une influence sur le sens de la décision."
2. Applicabilité des dispositions : Le Conseil a jugé que l’analyse de la date d’applicabilité (1er décembre 2016) des dispositions de l'article L. 112-1-3 du code rural et de la pêche maritime ne présentait pas d'erreur matérielle, contestant ainsi l'argument de la requérante concernant le défaut de consultation de la commission départementale.
> "Le Conseil d'État, dont il n'est pas démontré qu'il a entaché sa décision d'une erreur matérielle s'agissant de la date du 1er décembre 2016, s'est livré à une appréciation d'ordre juridique."
3. Moyens implicitement écartés : Le Conseil a également noté que l'absence d'étude d'impact sur l'économie agricole du territoire avait été implicitement écartée dans la première décision, ce qui a conduit à rejeter les différents moyens soulevés à ce sujet.
> "La décision du 12 octobre 2018 a implicitement mais nécessairement écarté le moyen soulevé par l'association requérante dans son mémoire en réplique."
Interprétations et citations légales :
Dans cette décision, le Conseil d'État se réfère à plusieurs textes de loi qui régissent la matière :
- Code de justice administrative - Article R. 833-1 : cet article établit les conditions du recours en rectification d'erreur matérielle, précisant que ce dernier doit démontrer une erreur qui a pu avoir une incidence sur le jugement.
> "Lorsqu'une décision d'une cour administrative d'appel ou du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire devant la juridiction qui a rendu la décision un recours en rectification [...]"
- Code rural et de la pêche maritime - Article L. 112-1-3 : cet article traite des obligations d'études d'impact concernant les projets ayant des conséquences sur l'économie agricole. L'appréciation de cette loi a été centrale dans l'argumentation sur la légalité du décret et la pertinence de l’étude d'impact.
En somme, cette décision illustre l'importance de prouver une erreur matérielle lors d’un recours en rectification, ainsi que l’imputer les compétences juridictionnelles entre l'application des textes de loi et l'appréciation des faits matériels. Le refus du Conseil d'État de rectifier sa précédent décision renforce les principes de stabilité et de sécurité juridique.