Résumé de la décision
La société Dog One Productions a demandé au juge des référés du Conseil d'Etat de suspendre l'exécution d'une décision de l'Agence de services et de paiement qui avait cessé de lui verser des allocations pour l'activité partielle liée à la crise du covid-19. En outre, elle a sollicité la condamnation de la DIRECCTE d'Ile-de-France à lui verser des sommes dues et des indemnités pour le préjudice subi. Toutefois, le juge a rejeté la requête, estimant que les demandes ne relèvent pas de la compétence du Conseil d'Etat en premier et dernier ressort.
Arguments pertinents
1. Compétence du juge des référés : Le juge des référés du Conseil d'Etat ne peut être saisi que si le litige principal pertinent relève de sa compétence exclusive. En l'espèce, les demandes de la société Dog One Productions ne sont pas liées à un litige dont le Conseil d'Etat serait compétent, aboutissant ainsi au rejet de la requête. Cela soulève des questions sur l'appropriation de la compétence juridictionnelle dans le cadre des référés administratifs.
Citation pertinente : « Le juge des référés qui entend décliner la compétence de la juridiction rejette les conclusions dont il est saisi par voie d'ordonnance. » (Code de justice administrative - Article R. 522-8-1)
2. Condition d'urgence : Bien que la société soutienne que l'urgence est justifiée par les conséquences économiques de la décision contestée, le juge a jugé que la condition d'urgence ne suffisait pas à rendre la situation compétente pour le Conseil d'Etat.
Citation pertinente : « Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale [...] » (Code de justice administrative - Article L. 521-2)
Interprétations et citations légales
1. Interprétation des critères de compétence : Le texte de l'article R. 522-8-1 du code de justice administrative souligne que le Conseil d'Etat ne peut traiter que de litiges pour lesquels il a une compétence directe. Cela signifie que même des arguments de préjudice financier et moral ne suffisent pas à établir sa compétence si le fond du litige ne lui appartient pas.
Citation directe : « Le juge des référés du Conseil d'Etat ne peut être régulièrement saisi [...] d'une requête tendant à la mise en oeuvre de l'une des procédures régies par le livre V du code de justice administrative que pour autant que le litige principal auquel se rattache ou est susceptible de se rattacher la mesure d'urgence qu'il lui est demandé de prendre, ressortit lui-même à la compétence directe du Conseil d'Etat. » (Code de justice administrative - Article R. 522-8-1)
2. Conditions de l'urgence : La notion d'urgence mentionnée à l'article L. 521-2 ingrédient essentiel à la demande de référé, implique une gravité non seulement des conséquences économiques mais aussi des atteintes potentiellement illégales à des droits fondamentalement protégés. Cela requiert un examen sérieux des éléments de la demande, ce qui semble avoir fait défaut dans cette affaire.
En conclusion, la décision met en évidence les limites de compétence qui existent dans le droit administratif français en matière de référés, particulièrement lorsque les litiges touchent à l'exécution de décisions administratives.