Résumé de la décision
La société AC Promotions avait demandé un permis de construire pour des logements à Cuttoli-Corticchiato, dont la demande a été refusée par le maire en octobre 2013. Après plusieurs décisions judiciaires, le 8 juillet 2019, la cour administrative d'appel de Marseille a annulé le refus du maire. Cependant, la commune a formé un pourvoi en cassation, arguant que le maire n'était pas en situation de compétence liée en raison de l'avis favorable du préfet. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour d'appel, estimant que le maire avait la possibilité de refuser le permis même avec un avis favorable du préfet, et a renvoyé l'affaire à la cour administrative d'appel.
Arguments pertinents
1. Compétence liée du maire : La cour a commis une erreur de droit en considérant que le maire de Cuttoli-Corticchiato était en situation de compétence liée après l'avis favorable du préfet. Il a été établi que "si, en application de ces dispositions, le maire a compétence liée pour refuser un permis de construire en cas d'avis défavorable du préfet, il n'est en revanche pas tenu de suivre un avis favorable de ce même préfet".
2. Liberté d'appréciation : Le Conseil a souligné que le maire peut refuser un permis de construire pour d'autres motifs légaux, indépendamment de l'avis du préfet, affirmant que le rôle du maire ne se limite pas à un simple acte administratif.
3. Annulation du jugement : La décision prise a été d'annuler l'arrêt de la cour administrative d'appel en raison de cette interprétation incorrecte, ce qui souligne l'importance de respecter les compétences discrétionnaires des autorités locales dans les décisions d'urbanisme.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 422-6 du Code de l'urbanisme : Cet article stipule que "En cas d'annulation par voie juridictionnelle ou d'abrogation d'une carte communale, d'un plan local d'urbanisme [...] le maire [...] recueille l'avis conforme du préfet sur les demandes de permis [...]". Cela implique que l'avis du préfet est un élément parmi d'autres que le maire doit prendre en compte, mais ne le lie pas nécessairement à la délivrance du permis.
2. Juridictions administratives et pouvoirs locaux : La décision rappelle l'équilibre entre les autorités administratives décentralisées et les réglementations nationales. L'avantage d'une telle interprétation permet aux maires de conserver leur pouvoir décisionnel face à des situations urbanistiques complexes.
3. Nota bene sur la charge de la preuve : Même si le préfet émet un avis favorable, cela ne supprime pas la responsabilité du maire d'évaluer si d'autres motifs justifient un refus.
Avec l'annulation de l'arrêt et le renvoi à la cour administrative d'appel, le Conseil d'État renforce la distinction entre les prérogatives des préfets et celle des maires dans le cadre de l'urbanisme, assurant ainsi un traitement plus nuancé des demandes de permis de construire.