1. Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation par M. A... contre un jugement du tribunal administratif de Grenoble, qui avait partiellement fait droit à sa demande d'indemnisation suite à un permis de construire obtenu en 2008. Ce permis l'obligeait à réaliser des raccordements souterrains aux réseaux électriques. M. A... réclamait une réparation pour ce que lui apparaissait comme une exigence illégale et des préjudices annexes. Le Conseil d'État a rejeté sa demande d'indemnisation au motif qu'elle était irrecevable, soulignant que la contestation des contributions financières et des travaux imposés doit être dirigée contre le bénéficiaire de ces contributions au titre de l'article L. 332-30 du code de l'urbanisme. En vertu de l'article L. 761-1 du même code, aucune somme n'a été mise à la charge de l'État.
2. Arguments pertinents
Le Conseil d'État a formulé plusieurs arguments juridiques clés dans sa décision :
- Irrecevabilité de la demande : La demande formée par M. A... en indemnisation pour le versement de sommes régies par l'article L. 332-30 du code de l'urbanisme a été jugée irrecevable. Il a été établi que l'action en répétition de l'indu, prévue par cet article, est l'unique voie de droit pour contester la légitimité des contributions financières exigées des constructeurs. Par conséquent, "la demande formée par M.A..., qui tendait à la condamnation de l'Etat à l'indemniser du préjudice résultant du versement de sommes sujettes à restitution [...] était irrecevable."
- Alternatives juridiques : Le Conseil d'État a également souligné qu'il incombe à M. A... d'intenter une action en répétition de l'indu auprès de la personne qui bénéficie des contributions, ce qui n'a pas été fait dans le cadre de ce pourvoi.
3. Interprétations et citations légales
L'analyse des articles de loi pertinents montre comment le Conseil d'État a interprété les obligations des bénéficiaires de permis de construire :
- Code de l’urbanisme - Article L. 332-6 : Cet article stipule que "les bénéficiaires d'autorisations de construire peuvent être tenus de réaliser les équipements propres mentionnés à l'article L. 332-15". Cela signifie que le demandeur doit réaliser certains travaux, dont le raccordement aux réseaux publics, ce qui justifie l'exigibilité des contributions.
- Code de l’urbanisme - Article L. 332-15 : Il précise que l’autorité peut exiger du bénéficiaire la "réalisation et le financement de tous travaux nécessaires à la viabilité et à l'équipement de la construction". Cette obligation est essentielle pour encadrer les actions au niveau des installations publiques, validant ainsi l’exigence de M. A... à réaliser le raccordement électrique.
- Code de l’urbanisme - Article L. 332-30 : "Les sommes versées ou celles qui correspondent au coût de prestations fournies sont sujettes à répétition." Cela renforce la nécessité pour le demandeur de suivre la procédure en répétition de l'indu contre le bénéficiaire des contributions, évitant ainsi les confusions avec les demandes d'indemnisation auprès de l'État.
Dans cette décision, le Conseil d'État a soigneusement appliqué ces dispositions légales, soulignant la précision et la strictesse nécessaires dans ce type d'actions en droit administratif. La condamnation de l'État n'était pas justifiée puisque, selon l'article L. 761-1, il ne pouvait être considéré comme la partie perdante dans cette instance.