Résumé de la décision
Dans l'affaire opposant M. et Mme D... à la commune de Pornichet, la cour administrative d'appel de Nantes avait rejeté leur appel contre des jugements concernant un permis de construire. Les requérants avaient contesté la légalité de ce permis, mettant en avant des vices le rendant non régularisable. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel concernant le permis de construction, affirmant que les requérants avaient le droit de contester la légalité du permis initial et des décisions intervenues en première instance, même après qu'un permis modificatif ait été délivré. La commune de Pornichet a été condamnée à verser 3 000 euros à M. et Mme D... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Droit de contester les décisions antérieures : Le Conseil d'État souligne que lorsqu'un tribunal administratif reconnait un vice de légalité dans une autorisation d'urbanisme, l'auteur d'un recours peut contester les décisions en soulevant différents moyens contre le jugement avant dire droit. Ainsi, il a été précisé qu'"il résulte de ce qui a été dit aux points 2 et 4 que la seule circonstance qu'un permis modificatif ait été délivré(...) n'était pas de nature à faire obstacle à ce que les requérants puissent soulever utilement des moyens à l'appui de celles de leurs conclusions dirigées contre le jugement avant dire droit".
2. Caractère inopérant du permis modificatif : Le Conseil d'État a statué que les demandes des requérants concernant la méconnaissance des dispositions du règlement du plan local d'urbanisme restaient pertinentes malgré la délivrance d’un permis modificatif. "Les conclusions dirigées contre ce jugement en tant qu'il met en oeuvre les pouvoirs que le juge tient de l'article L. 600-5-1(...) sont privées d'objet, il n'en va pas de même du surplus des conclusions dirigées contre ce premier jugement, qui conservent leur objet".
Interprétations et citations légales
1. Article L. 600-5-1 du Code de l’urbanisme : Cet article permet au tribunal administratif de surseoir à statuer sur un recours concernant un permis de construire s'il constate un vice de légalité, en invitant l'administration à le régulariser. La décision a souligné l'importance de ce mécanisme comme garant pour les requérants de pouvoir contester les effets du permis avant sa régularisation. La possibilité de régularisation du permis conditionne le droit de contester le jugement : "lorsque le juge a fait usage de la faculté de surseoir à statuer ouverte par l'article L. 600-5-1".
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article traite des frais irrépétibles, stipulant que les frais engagés par les parties peuvent être remboursés à celle qui a obtenu gain de cause. Grâce à cette disposition, le Conseil d'État a décidé que "la commune de Pornichet versera une somme de 3 000 euros à M. et Mme D... au titre de l'article L. 761-1". Cela renforce l'idée que les frais de justice doivent être compensés pour la partie qui a vu son recours couronné de succès.
Ces interprétations et citations montrent l'équilibre que cherche à établir le droit administratif entre l'accès à la justice pour les citoyens et la régularité des actes administratifs, tout en respectant les potentiels vices de procédures ou de légalité des autorisations d'urbanisme.