Résumé de la décision
Dans une affaire concernant l'exécution d'une décision du Conseil d'État du 24 février 2016, le Premier ministre n'a pas pris le décret d'application prévu par le code de l'action sociale et des familles dans les délais impartis. En conséquence, le Conseil d'État a prononcé une liquidation de l'astreinte de 93 400 euros pour la période s'étendant du 16 octobre 2018 au 6 mai 2021. Ce montant est réparti entre M. A..., l'Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs, et la fondation MMA Solidarité. De plus, le taux de l'astreinte a été augmenté à 250 euros par jour de retard.
Arguments pertinents
1. Inexécution de la décision judiciaire : Le Conseil d'État a statué que le Premier ministre n'avait pas exécuté la décision antérieure concernant la prise du décret, ce qui justifie la liquidation de l'astreinte. Il est précisé que, « à la date du 6 mai 2021, le Premier ministre n'avait pas communiqué à la section du rapport et des études du Conseil d'État copie des actes justifiant des mesures prises pour exécuter la décision ».
2. Droits des requérants : La décision souligne que les astreintes sont essentielles pour garantir l'exécution des obligations imposées par justice. En vertu de l'article L. 911-7 du Code de justice administrative, le Conseil d'État a rappelé qu'il doit procéder à la liquidation de l'astreinte lorsqu'il y a inexécution.
3. Répartition des fonds : Le montant de l'astreinte liquidée a été réparti entre les parties lésées, ce qui témoigne de la reconnaissance de leurs droits en lien avec l'obligation d'exécution, notamment pour financer des équipements pour les personnes handicapées, ce qui a été formellement établi dans le dispositif de la décision.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État fait référence à plusieurs articles du Code de justice administrative :
- Code de justice administrative - Article L. 911-7 : Cet article dispose que « En cas d'inexécution totale ou partielle ou d'exécution tardive, la juridiction procède à la liquidation de l'astreinte qu'elle avait prononcée ». Cela est fondamental dans l’établissement de la responsabilité de l'État dans les cas d'inexécution.
- Code de justice administrative - Article L. 911-8 : Cet article donne la possibilité à la juridiction de décider que « une fraction de l'astreinte liquidée ne sera pas versée au requérant, le [troisième] alinéa prévoyant que cette fraction est alors affectée au budget de l'Etat ». Cependant, dans le cas d'un débiteur public, la question de l'affectation de cette fraction prend un sens plus strict, garantissant que les sommes soient utilisées d'abord au bénéfice des demandeurs éventuels ou des actions d'intérêt général, comme c'est le cas ici.
Ce raisonnement montre comment le Conseil d'État, par ses décisions, tente de garantir le respect des droits des justiciables et l’efficacité de l’exécution des décisions de justice.