Résumé de la décision
Mme A... a saisi le juge des référés du Conseil d'État afin de suspendre certaines mesures de restriction des déplacements instaurées par le décret du 2 avril 2021, en raison de leur impact sur les libertés fondamentales. Elle a fait valoir que ces restrictions étaient entachées de détournement de pouvoir et disproportionnées. Le juge des référés a rejeté la requête, considérant que Mme A... n'avait pas démontré une atteinte manifestement illégale aux libertés fondamentales justifiant l'intervention du juge.
Arguments pertinents
1. Détournement de pouvoir et finalités des mesures : La requérante a soutenu que les mesures contestées visaient à masquer des errances de la gestion gouvernementale, et non à protéger la santé publique. Cependant, le juge a considéré que les mesures étaient nécessaires pour concilier la lutte contre la pandémie et les nécessités de la vie quotidienne.
2. Proportionnalité des restrictions : Mme A... a proposé que les mesures étaient disproportionnées, notamment en raison des limitations de déplacements sans justificatif. Le juge a répondu que ces restrictions étaient fondées sur des considérations sanitaires et étaient donc justifiables dans le contexte. Le juge a affirmé que les autorités avaient agi pour concilier la réduction des déplacements avec des exigences pratiques.
3. Absence de moyens suffisants : La décision a également souligné que les arguments de Mme A..., notamment sur l'arbitraire des limites de déplacement, ne constituaient pas une atteinte manifestement illégale aux libertés fondamentales. Le juge a conclu que sa requête n'était pas fondée.
Interprétations et citations légales
- Article L. 521-2 du Code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures de sauvegarde lorsqu'une liberté fondamentale est atteinte de manière grave et illégale. Le juge a constaté que les critères de cet article n'étaient pas remplis : "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale..."
- Article L. 522-3 du Code de justice administrative : Cet article permet au juge de rejeter une requête sans instruction si l'urgence n'est pas établie ou si les arguments sont manifestement mal fondés. La décision a mis en évidence que les moyens avancés par Mme A... n'ont pas démontré une illégalité manifeste : "le juge des référés peut... rejeter une requête sans instruction ni audience lorsque... il apparaît manifeste... que celle-ci est mal fondée."
- Décret du 2 avril 2021 et loi du 15 février 2021 : Le jugement se réfère également à la légalité des mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie, soulignant que les restrictions de circulation étaient conformes à la loi. Le juge a fait remarquer que ces mesures avaient été spécifiquement conçues pour répondre à la crise de santé publique.
Ainsi, la décision conclut que Mme A... n'a pas réussi à établir les bases juridiques nécessaires pour que sa demande soit recevable, entraînant le rejet de sa requête.