Résumé de la décision
Le Conseil d'État, par une décision n° 311999 du 14 octobre 2009, a rejeté le recours formé par le ministre de l'intérieur dans l'intérêt de la loi contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes du 16 octobre 2007. Cet arrêt avait jugé que la prorogation d'une déclaration d'utilité publique d'un projet routier pouvait être présentée par le président du conseil général, sans qu'une délibération du conseil général soit nécessaire. Le Conseil a considéré que l'article L. 11-5 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique n'exclut pas cette possibilité.
Arguments pertinents
1. Recevabilité du recours : Le Conseil a d'abord affirmé la recevabilité du recours du ministre, précisant qu'il peut être formé dans l'intérêt de la loi contre une décision ayant acquis l'autorité de la chose jugée. La décision du Conseil d'État du 14 octobre 2009 n'ayant pas tranché les motifs de l'arrêt contesté, le recours était recevable.
2. Interprétation des articles de loi : Le Conseil a ensuite analysé les dispositions des articles L. 11-1 et L. 11-5 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique ainsi que celles du code général des collectivités territoriales. Il a conclu que :
- Une demande de prorogation d'une déclaration d'utilité publique ne peut émaner que du conseil départemental par délibération.
- Cependant, lorsque l'administration souhaite proroger une déclaration d'utilité publique, elle n'est pas tenue de suivre les formalités requises pour émettre l'acte original. La prorogation peut émaner de l'autorité compétente, conformément aux prévisions du code.
Le Conseil a précisé : « [...] les dispositions du II de l'article L. 11-5 [...] impliquent seulement que l'acte prononçant la prorogation émane de l'autorité qui était compétente [...] pour déclarer l'utilité publique. »
Interprétations et citations légales
La décision met en avant deux articles de loi principaux :
1. Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique - Article L. 11-1 : Cet article stipule que « l'expropriation ne peut être prononcée qu'autant qu'elle aura été précédée d'une déclaration d'utilité publique intervenue à la suite d'une enquête ». Cela soulève la nécessité de la reconnaissance officielle de la déclaration d'utilité publique avant toute expropriation.
2. Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique - Article L. 11-5 (II) : Cet article précise que « un acte pris dans la même forme que l'acte déclarant l'utilité publique peut, sans nouvelle enquête, proroger une fois les effets de la déclaration d'utilité publique pour une durée au plus égale. » Cela implique qu'une prorogation peut se faire sans formalisme excessif, tant que l'autorité compétente pour la déclaration d'utilité publique est respectée.
3. Code général des collectivités territoriales - Article L. 3211-1 : Il précise que « le conseil général règle par ses délibérations les affaires du département ». Cela établit le cadre dans lequel les décisions relatives à l'exercice des compétences par le conseil général doivent être prises, mais ne contredit pas la rapidité d'une prorogation par l'exécutif.
En conclusion, le Conseil d'État a permis une interprétation souple de la procédure de prorogation de l'utilité publique, autorisant le président du conseil général à agir en lieu et place d'une délibération formelle, sans encadrer de manière rigide les actions administratives tant qu'elles respectent les fondements juridiques posés par la loi.