Résumé de la décision
M. A..., ressortissant guinéen, a épousé une citoyenne française en 2012 et a demandé l'acquisition de la nationalité française en 2016. Toutefois, le Premier ministre a refusé cette demande par un décret du 14 novembre 2017 en invoquant l'indignité de M. A... à acquérir la nationalité française, basée sur ses antécédents judiciaires, notamment des condamnations pour conduite en état d'ivresse. M. A... a contesté ce décret pour excès de pouvoir. La décision rendue a rejeté sa requête, confirmant ainsi le refus d'acquisition de la nationalité française.
Arguments pertinents
La décision repose sur plusieurs éléments juridiques clés :
1. Indignité à acquérir la nationalité : Le Premier ministre a estimé que M. A..., en raison de ses condamnations pénales, notamment des infractions répétées liées à la conduite sous l'empire d'un état alcoolique, ne pouvait être regardé comme "digne" d'acquérir la nationalité française. L’application des dispositions de l'article 21-4 du Code civil est centrale à cette analyse. Comme précisé dans la décision, il a été jugé que les actes de M. A... étaient suffisamment récents pour justifier ce refus, ce qui n’a pas été contesté par le tribunal.
2. Non-prise en compte de circonstances atténuantes : Bien que M. A... ait soulevé des arguments pour prouver son intégration et son désir de devenir français, la décision stipule que le caractère récent des infractions et leur gravité permettent de considérer qu'il ne remplissait pas les conditions d'assimilation prévues par la loi.
Interprétations et citations légales
La décision fait une interprétation stricte des textes applicables concernant l'acquisition de la nationalité française :
- Code civil - Article 21-2 : Cet article précise que l'étranger marié à un citoyen français peut acquérir la nationalité française après un délai de quatre ans, sous condition que la communauté de vie entre les conjoints n’ait pas cessé et que le conjoint français ait conservé sa nationalité. Cela établit le cadre général pour l'acquisition.
- Code civil - Article 21-4 : Ici, il est stipulé que le Gouvernement peut s'opposer à l'acquisition de la nationalité en cas d'indignité ou de défaut d'assimilation, ce qui a été le fondement du décret. La décision du tribunal note : "En se fondant sur ces circonstances pour estimer que M. A... devait être regardé comme indigne d'acquérir la nationalité française, le Premier ministre n'a pas, compte tenu du caractère encore récent, à la date du décret attaqué, du dernier fait relevé à l'encontre de l'intéressé, inexactement appliqué les dispositions de l'article 21-4 du code civil."
Il est essentiel de comprendre que l'interprétation des notions d’indignité et d’assimilation est laissée à la discrétion du Gouvernement, ce qui a été confirmé par la décision de rejet. Aucune circonstance atténuante n'a été trouvée pour renverser le jugement concernant le comportement de M. A... en regard des principes de la loi française en matière de nationalité.