Résumé de la décision
La décision concerne la contestation des élections municipales du 28 juin 2020 dans la commune de Lapugnoy, où la liste conduite par M. A... F... a remporté une large victoire. M. G..., un électeur de la commune, a interjeté appel après que le tribunal administratif de Lille a rejeté sa protestation concernant des irrégularités. Le Conseil d'État a confirmé le jugement du tribunal en rejetant la requête de M. G... sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne la propagande électorale, la distribution de bons alimentaires, les opérations de dépouillement, ainsi que pour les conclusions tendant à la suppression de passages diffamatoires du mémoire en défense de M. F...
Arguments pertinents
1. Absence de propagande électorale prohibée : Le Conseil d'État a retenu que les messages diffusés par la commune sur Facebook n'avaient pas le caractère de propagande électorale. Selon l'article L. 52-8 du Code électoral, seules les contributions des partis politiques à la campagne sont prohibées, et la distribution d'informations factuelles concernant les masques n'a pas excédé ce cadre.
> « M. G... n'est, par suite, pas fondé à soutenir que M. F... aurait, pour ces différents motifs, été bénéficiaire de dons prohibés par l'article L. 52-8 du code électoral. »
2. Impact sur l'élection : En dépit de la distribution de bons d'aide alimentaire, le Conseil d'État a constaté qu'avec un écart de 240 voix en faveur de M. F..., cette action ne pouvait pas avoir altéré la sincérité du scrutin.
> « [...] eu égard à l'important écart de 240 voix [...] M. G... n'est pas fondé à soutenir que cette distribution [...] ait été de nature à avoir altéré la sincérité du scrutin. »
3. Irrégularités dans le dépouillement : Les arguments concernant les irrégularités de dépouillement ont été déclarés irrecevables car présentés au-delà du délai légal fixé par l'article R. 119 du Code électoral.
> « [...] les griefs relatifs aux irrégularités qui auraient entaché le dépouillement [...] n'ont [...] été formulés devant le tribunal administratif qu'après l'expiration du délai de cinq jours [...] Ils étaient par suite irrecevables. »
4. Suppression de passages du mémoire : Le Conseil a jugé que les termes du mémoire en défense de M. F... ne dépassaient pas les limites de la controverse et n’appelaient donc pas à une suppression.
> « [...] les termes du mémoire en défense présenté par M. F... n'excèdent pas les limites de la controverse entre parties dans le cadre d'une procédure contentieuse. »
Interprétations et citations légales
1. Sur la propagande électorale : L'article L. 52-8 du Code électoral stipule que seules les personnes morales, à l'exception des partis politiques, ne peuvent financer des campagnes électorales. Le Conseil d'État a interprété cette règle dans le sens où une diffusion d'informations factuelles par les municipalités n'engendre pas des donations prohibées.
> Code électoral - Article L. 52-8 : "Les personnes morales [...] ne peuvent participer au financement de la campagne électorale d'un candidat [...]"
2. Pressions électorales et impact : Le Conseil d'État a souligné que même si des pressions ont pu être exercées par la distribution de bons alimentaires, celle-ci ne suffisait pas à remettre en question la validité du scrutin, données les circonstances de l’élection.
3. Délai et irrecevabilité : L'importance du respect des délais pour contester des élections est renforcée par l'article R. 119 du Code électoral, montrant que la procédure doit être suivie scrupuleusement.
> Code électoral - Article R. 119 : "La protestation doit être formée dans les cinq jours suivant l'élection."
En somme, la décision du Conseil d'État, en confirmant le jugement du tribunal administratif, a souligné l'importance de la rigueur juridique entourant les élections municipales, tout en renforçant les distinctions entre des actions a priori électorales et des informations de gestion publique.