Résumé de la décision
M. A... a acquis la nationalité française par décret le 10 juillet 2017 et sollicite la modification de ce décret pour inclure le nom de ses quatre enfants afin qu'ils bénéficient également de la nationalité française. Le ministre de l'État, ministre de l'intérieur, refuse cette nouvelle attribution le 5 janvier 2018. M. A... interpelle ensuite le Conseil d'État pour annuler cette décision. Le Conseil d'État confirme la décision du ministre, en concluant que M. A... n'a pas respecté les conditions légales pour transmettre la nationalité à ses enfants, notamment en ne les ayant pas mentionnés dans sa demande de naturalisation, ni en leur assurant une résidence habituelle avec lui au moment de sa naturalisation.
Arguments pertinents
1. Conditions non respectées pour la transmission de la nationalité :
M. A... n'a pas mentionné sa fille Naimat dans sa demande de naturalisation, ce qui constitue une violation des exigences de l'article 22-1 du Code civil. Ainsi, "M. A... n'a pas porté [son existence] à la connaissance de l'administration chargée d'instruire la demande préalablement à la signature du décret".
2. Résidence des autres enfants :
Concernant les enfants Jolisine, Rafael, et Ahmed, la décision conclut qu'ils ne résidaient pas avec leur père au moment de sa naturalisation, mais avec leur mère, conformément à un jugement de divorce. En effet, "à la date du décret du 10 juillet 2017, ses enfants [ne résidaient] pas avec lui, mais avec leur mère…". Par conséquent, "ils ne résidaient pas alternativement chez leur père", ce qui exclut leur droit à la nationalité française par voie de décret.
Interprétations et citations légales
Les interprétations des textes de loi jouent un rôle crucial dans cette décision :
- Code civil - Article 22-1 : Cet article stipule qu'un enfant mineur devient français de plein droit lorsque l'un de ses parents acquiert la nationalité française, sous certaines conditions. Notamment, “L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française, devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent”.
- Code civil - Article 373-2-9 : Cet article précise que la résidence de l'enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents, ce qui est essentiel pour la transmission de la nationalité. Les preuves doivent montrer que l'enfant vit effectivement une partie significative de son temps avec le parent acquérant la nationalité. La décision souligne que la résidence des enfants n'étant pas fixée en alternance, ne remplit pas les critères de l'article : “la résidence de l'enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents”.
Dès lors, l'analyse des lois citées montre une rigueur dans l'application des critères relatifs à la résidence et à l'information des autorités, constituant les fondements du refus de modification du décret par le ministre. Les lois en question établissent clairement les conditions à respecter pour que la nationalité soit transmise aux enfants d’un parent naturalisé, et dans ce cas, ces conditions n’ont pas été remplies.