Résumé de la décision
M. A..., ressortissant comorien, a demandé la réintégration dans la nationalité française, ce qui a été accordé par décret en avril 2010. Par la suite, des informations sur sa situation matrimoniale ont conduit le ministre de l'intérieur à rapporter ce décret en juin 2018, au motif que M. A... avait délivré des informations mensongères concernant ses mariages. M. A... a contesté ce décret par une demande d'annulation pour excès de pouvoir, qui a été rejetée par le Conseil d'Etat. La décision a conclu que le rapport du décret était valide et n'avait pas porté atteinte aux droits fondamentaux de M. A....
Arguments pertinents
1. Délai de rapport du décret: Le Conseil d'Etat a établi que le délai de deux ans prévu par l'article 27-2 du Code civil a commencé à courir à partir de la date à laquelle la réalité de la situation familiale de M. A... a été portée à la connaissance du ministre chargé des naturalisations, ce qui a été confirmé à la date du 29 juin 2016. Le décret attaqué, ayant été signé le 27 juin 2018, était donc dans le délai légal.
> « [...] le décret attaqué, signé le 27 juin 2018, a été pris avant l'expiration du délai de deux ans [...] »
2. Existence des mariages: M. A... a contesté l’existence de ses mariages. Cependant, des documents, tels que le jugement supplétif du tribunal de Fombini et des actes de mariage, ont prouvé le contraire. Le Conseil a déterminé que M. A... ne peut se prétendre célibataire car il n’a pas engagé d’action pour annuler ces mariages.
> « [...] M. A..., qui ne justifie pas [...] avoir engagé d'action en nullité à l'encontre de ces mariages n'a pu se déclarer célibataire [...] »
3. Atteinte au droit à la vie privée: Le décret de rapport n'affecte pas la présence sur le territoire ou les liens familiaux, mais porte atteinte à l'identité personnelle de M. A... Toutefois, cette atteinte n'a pas été jugée disproportionnée par rapport aux faits qui l'ont motivée.
> « [...] le décret attaqué ne peut être regardé comme ayant porté une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée de M. A... »
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'Etat s'appuie sur plusieurs textes légaux pour justifier sa décision :
1. Code civil - Article 27-2: Ce texte établit les délais et conditions dans lesquels un décret de réintégration peut être rapporté. Il stipule que le rapport peut intervenir si le requérant ne satisfait pas aux conditions légales ou si la décision a été obtenue par fraude.
> « Les décrets portant acquisition, naturalisation ou réintégration peuvent être rapportés sur avis conforme [...] si la décision a été obtenue par mensonge ou fraude [...] »
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1: Cet article traite des frais d’instance et des conclusions concernant les frais de justice, stipulant que celles-ci doivent être rejetées si la requête est jugée non fondée.
> « [...] ses conclusions présentées au titre de l'article L. 761-1 [...] ne peuvent, en conséquence, qu'être rejetées. »
Ces fondements juridiques montrent que le Conseil d'Etat a correctement analysé les faits à la lumière des textes et que la décision de rapporter le décret de M. A... était justifiée et conforme à la législation en vigueur.