Résumé de la décision
La requête de Mme D... C... visant à contester un décret du 4 avril 1986 qui prononçait la libération de ses liens d'allégeance avec la France a été rejetée par le Conseil d'État. Mme C... soutenait que ce décret méconnaît l'article 91 du code de la nationalité française, car son consentement ou celui de ses deux parents n'avait pas été donné, alors qu'elle était mineure à l'époque. Cependant, le Conseil d'État a jugé que la requête était irrecevable en raison de sa tardiveté, ayant été déposée plus de trois ans après qu'elle ait atteint la majorité.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la requête : Le Conseil d'État a conclu que la requête était irrecevable en raison de sa présentation tardive, ayant été faite le 29 avril 2020 pour un décret pris en 1986, soit bien plus de trois ans après que Mme C... ait atteint l'âge de la majorité. Le ministre de l'Intérieur a donc eu raison de faire valoir cette tardiveté.
> "En l'absence de circonstances particulières, le ministre de l'intérieur est fondé à soutenir que la requête de Mme C... est irrecevable en raison de sa tardiveté et doit être rejetée."
2. Conditions relatives à l'autorisation parentale : La décision a également rappelé les exigences légales concernant la demande de libération des liens d'allégeance pour les mineurs, stipulées dans l'article 91 du code de la nationalité. Bien que les parents puissent faire une telle demande pour un enfant mineur, une fois que l'enfant atteint l'âge de seize ans, son propre consentement est nécessaire.
> "Le décret prononçant une telle libération ne peut [...] être signé, si l'intéressé a atteint l'âge de seize ans, sans qu'il ait lui-même exprimé, avec l'accord de ceux qui exercent sur lui l'autorité parentale, une demande en ce sens [...]"
Interprétations et citations légales
1. Code de la nationalité française - Article 91 : Cet article stipule que la perte de nationalité française peut être demandée par un Français, même mineur, qui est autorisé par le Gouvernement à perdre sa qualité de Français. Le décret délivré ne peut être accordé qu'avec l'autorisation des représentants légaux si le mineur est âgé de moins de 16 ans.
> "Perd la nationalité française, le Français même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le Gouvernement français, à perdre la qualité de Français."
2. Code de la nationalité française - Articles 53 et 54 : Ces articles précisent respectivement que les mineurs de seize ans peuvent réclamer la nationalité avec l’autorisation parentale, tandis que les moins de seize ans peuvent faire cette demande via leurs parents.
> "Le mineur âgé de seize ans peut également la réclamer avec l'autorisation de celui ou de ceux qui exercent à son égard l'autorité parentale." (Article 53)
> "Si l'enfant est âgé de moins de seize ans, [...] peuvent déclarer qu'elles réclament, au nom du mineur, la qualité de Français [...]." (Article 54)
3. Principes de sécurité juridique : Le Conseil d'État a également souligné le principe de sécurité juridique, qui interdit de contester indéfiniment une décision administrative individuelle. Cela vise à protéger les situations consolidées par le temps.
> "Le principe de sécurité juridique [...] fait obstacle à ce que puisse être contestée indéfiniment une décision administrative individuelle [...]"
Ces éléments soulignent l'importance du respect des procédures et délais établis par la loi afin de garantir la stabilité des situations juridiques.