Résumé de la décision
Dans cette affaire, le Premier ministre a accordé l'extradition de M. A...B... aux autorités arméniennes à la suite d'un mandat d'arrêt délivré pour des infractions liées à la drogue. M. B... a contesté cette extradition, arguant d'un manque de motivation du décret, de l'absence de production des dispositions légales applicables, ainsi que de conséquences gravement préjudiciables pour sa santé. Toutefois, le tribunal a rejeté ces arguments, considérant que le décret était bien motivé et que les conditions pour refuser l'extradition n'étaient pas remplies.
Arguments pertinents
1. Motivation du décret :
Le tribunal a confirmé que le décret attaqué respectait l'exigence de motivation imposée par l'article L. 211-5 du Code des relations entre le public et l'administration, en énonçant les considérations de fait et de droit qui en constituaient le fondement. Il a ainsi affirmé que « le décret attaqué comporte l'énoncé des considérations de fait et de droit qui en constituent le fondement ».
2. Présence des dispositions légales :
En ce qui concerne l'argument selon lequel les copies des dispositions légales n'étaient pas fournies, le tribunal a constaté que la demande d'extradition incluait bien les articles pertinents ainsi qu'une traduction, ce qui contredisait l'assertion de M. B... : « la demande d'extradition visait précisément les dispositions pénales applicables et les règles relatives à la prescription des poursuites ».
3. Principes de l'extradition :
Le tribunal a rappelé que les autorités françaises n'étaient pas chargées de statuer sur le bien-fondé des charges, en l'absence d'une erreur évidente, et qu'aucune preuve ne soutenait les allégations d'infondé des accusations portées contre M. B... : « il n'apporte aucune précision au soutien de ce qu'il allègue ».
4. Conséquences sur la santé :
Concernant les conséquences de l’exécution de l’extradition sur la santé de M. B..., le tribunal a noté qu'aucun élément ne prouvait que son état de santé constituerait un obstacle à l'extradition : « il ne ressort des pièces du dossier ni que son état de santé serait de nature à faire obstacle à l'exécution de son extradition ».
Interprétations et citations légales
1. Article L. 211-5 du Code des relations entre le public et l'administration :
Cet article impose que les décisions administratives soient motivées. Le tribunal a précisé que le décret en question respectait cette exigence en fournissant les bases factuelles et juridiques nécessaires.
2. Convention Européenne d'Extradition - Article 12, 2° c) :
Cet article stipule que pour les demandes d'extradition, une copie des dispositions légales applicables doit être jointe. Le tribunal a affirmé que la demande satisfaisait cette exigence, jugeant que « une copie de ces dispositions accompagnée de leur traduction était jointe à la demande ».
3. Réserves de la France sur la Convention Européenne d'Extradition :
Le deuxième alinéa de l'article 1er des réserves indique que l'extradition peut être refusée pour des raisons de gravité exceptionnelle pour la personne réclamée. Toutefois, le tribunal a affirmé que M. B... n'avait pas prouvé que son état de santé posait un problème sérieux, en émettant le jugement que « les moyens tirés de ce que le Premier ministre aurait … commis une erreur manifeste … ne peuvent qu'être écartés ».
Cette décision illustre donc comment le droit applicable à l'extradition est interprété dans le cadre des législations nationales et des conventions internationales, avec un accent mis sur la responsabilité des autorités d'analyser la validité des demandes d'extradition sans se prononcer sur le fond des accusations.