Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... a demandé une pension militaire d'invalidité pour des "acouphènes gauches permanents", qu'il affirmait avoir contractés à la suite d'un incident survenu lors d'une mission à Djibouti en 2002, où il a été survolé à très basse altitude par un avion de combat. La cour régionale des pensions de Versailles a initialement accordé cette pension, estimant qu'il avait rapporté suffisamment de preuves. Cependant, le ministre des armées a contesté cette décision en pourvoi devant le Conseil d'État, arguant que les preuves fournies n'étaient pas concluantes. Le Conseil d'État a annulé la décision de la cour et a rejeté la demande de M. A..., considérant qu'il n'avait pas démontré l'imputabilité de son affection à un fait de service précis.
Arguments pertinents
1. Charge de la preuve : Le Conseil d'État a rappelé que la charge de la preuve incombe au demandeur de pension, qui doit démontrer l'existence d'un fait précis ou de circonstances particulières de service ayant conduit à l'affection.
- Citation pertinente : "la preuve de l'existence d'un fait précis ou de circonstances particulières de service à l'origine de l'affection qu'il invoque ... ne saurait résulter de ... d'une vraisemblance, ni d'une probabilité."
2. Insuffisance des preuves : La cour a été critiquée pour s'être fondée uniquement sur un rapport tardif et imprécis sans considérer d'autres éléments probants.
- Citation pertinente : "le rapport établi le 19 mars 2004 ne peut être regardé, en raison de ses imprécisions ... comme rapportant la preuve de l'existence d'un fait précis de service."
3. Erreurs manifestes : Le Conseil d'État a noté qu'il y avait des erreurs manifestes concernant les dates et le contexte des événements rapportés par M. A..., ce qui affaiblit la crédibilité de ses déclarations.
- Citation pertinente : "la cour a relevé que la date du 13 juin 2002 indiquée par le rapport procédait d'une erreur manifeste ... sans retenir aucune autre date pour la survenance du fait en cause."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la charge de la preuve : Selon le Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, le demandeur doit prouver non seulement que l'infirmité est survenue durant le service, mais également qu'il existe un lien direct et précis entre cette infirmité et un fait de service.
- Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre - Article L. 2 : "le demandeur d'une pension ... doit rapporter la preuve de l'existence d'un fait précis ou de circonstances particulières de service à l'origine de l'affection qu'il invoque."
2. Règles procédurales : Le Conseil d'État a rappelé que les juges du fond doivent examiner exhaustivement les preuves et ne peuvent se contenter d'une appréciation superficielle des déclarations faites par le demandeur.
- Code de justice administrative - Article L. 821-2 : "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de régler l'affaire au fond."
Cette décision illustre la stricte application des règles de preuve en matière de pensions militaires, insistant sur la nécessité d'établir un lien clair et direct entre le service et les invalidités revendiquées.