Résumé de la décision
La société Groupe Lactalis a contesté la légalité d'un décret du 24 décembre 2018, qui prorogeait jusqu'au 31 mars 2020 une obligation d'indiquer l'origine du lait et de certaines viandes dans les denrées préemballées, initialement instaurée par un décret du 19 août 2016. Le Conseil d'État a décidé de surseoir à statuer sur cette requête jusqu'à ce que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) se prononce sur des questions préjudicielles posées dans une affaire antérieure (décision n° 404651 du 27 juin 2018).
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a fondé sa décision sur le principe selon lequel la résolution de l'affaire en cours est conditionnée par les réponses de la CJUE aux questions préjudicielles posées. La société Lactalis a soutenu que l'annulation du décret de 2018 suivrait logiquement celle du décret de 2016. Le Conseil d'État a noté que :
« La solution de la présente affaire dépend de la réponse aux questions préjudicielles posées... »
Cet argument indique clairement que la Cour doit d'abord obtenir des clarifications de la CJUE avant de pouvoir statuer sur la légalité du décret contesté.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs textes légaux ont été mobilisés :
1. Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) - Article 267 : Ce texte autorise les juridictions des États membres à poser des questions préjudicielles à la CJUE afin d'obtenir une interprétation du droit de l'Union européenne. Il est fondamental dans l'élaboration de la jurisprudence européenne et assure l'harmonisation des législations entre les États membres.
2. Règlement (UE) n° 1169/2011 : Ce règlement établit les dispositions spécifiques concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires. Il a servi de cadre à l'exigence d'étiquetage de l'origine du lait et des viandes.
3. Décret n° 2016-1137 - Article 1 : Ce décret avait instauré l'obligation d'information sur l'origine des produits à titre expérimental, une mesure critiquée et contestée par la société Lactalis.
Concernant la législation applicable, le choix effectué par le Conseil d'État de surseoir à statuer reflète une interprétation prudente et respectueuse des mécanismes de coopération judiciaire entre les États membres, renforçant ainsi le rôle de la CJUE dans l'interprétation et l'application du droit européen.
En conséquence, la décision souligne l'importance du respect des normes communautaires et des procédures d'évaluation dans le domaine du commerce alimentaire, illustrant la complexité du cadre juridique européen dans ce domaine.