Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel de Marseille a été saisie d'un pourvoi introduit par la société Groupe Services France (GSF) contre un arrêt précédent rejetant sa demande d'annulation des décisions de l'inspectrice du travail qui avaient refusé d'autoriser le licenciement de M. D..., un salarié protégé. Ce dernier a été accusé d’avoir établi une fausse facture pour permettre à un tiers d’obtenir un remboursement d’un matériel volé. La Cour a confirmé que les faits reprochés à M. D... ne justifiaient pas son licenciement, en raison de leur insuffisante gravité, et a rejeté le pourvoi de GSF, tout en condamnant la société à verser une somme de 1 500 euros à M. D... pour frais de justice.
Arguments pertinents
1. Validité des décisions administratives : La Cour a considéré que les décisions de l'inspectrice du travail et du ministre du travail ne pouvaient être annulées, car l'inspectrice n'avait pas commis d'inexacte application du code du travail. En effet, la Cour a souligné que la faute de M. D..., bien que constituée, n’était pas suffisamment grave pour justifier un licenciement, tenant compte de son ancienneté et de l'absence de sanctions antérieures :
> "la faute commise par M. D... n'était pas suffisamment grave pour justifier son licenciement."
2. Protection des salariés protégés : Le jugement met aussi en lumière la protection particulière dont bénéficient les salariés protégé, stipulant que le licenciement de ces salariés ne peut se faire que sous certaines conditions strictes, ce qui a été respecté par l'autorité administrative.
3. Pondération des faits : La Cour a relevé qu’un comportement fautif en dehors de l’exécution du contrat de travail ne peut pas justifier un licenciement, sauf s’il implique une violation des obligations contractuelles :
> "Un agissement du salarié intervenu en dehors de l'exécution de son contrat de travail ne peut motiver un licenciement pour faute, sauf s'il traduit la méconnaissance par l'intéressé d'une obligation découlant de ce contrat."
Interprétations et citations légales
1. Code du travail : Les dispositions relatives à la protection des salariés protégés se trouvent à l'article L. 2411-1 et suivants du Code du travail, qui régissent les conditions de licenciement. Ces articles stipulent que tout licenciement d'un salarié protégé doit être autorisé par l'inspecteur du travail, ce qui a été central dans l'analyse de la Cour.
2. Code de justice administrative : L'article L. 761-1 du Code de justice administrative, qui traite des frais de justice, a permis à la Cour de condamner la société GSF à verser une somme à M. D... pour couvrir ses frais de justice liés à la procédure.
3. Interprétation du comportement fautif : La Cour a insisté sur le fait que seuls les actes susceptibles de compromettre la relation de travail peuvent être considérés comme suffisants pour un licenciement, citant le principe d’appréciation de la gravité des faits par l’autorité administrative, qui s’inscrit dans le cadre de la protection des droits des travailleurs.
Cette décision souligne ainsi l'importance de la protection des salariés face aux abus potentiels liés aux procédures de licenciement, surtout pour ceux qui occupent des fonctions représentatives.