Résumé de la décision
La décision se prononce sur la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. A... et la société Cabinet du docteur B...A..., concernant la conformité de l'article L. 4124-6 du code de la santé publique aux principes constitutionnels de légalité et d'individualisation des peines. Ces requérants soutenaient que les dispositions contestées violaient la nécessité de motivation des jugements en matière disciplinaire. Le Conseil d'État a décidé de ne pas renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, estimant que la question soulevée n'était pas nouvelle et ne présentait pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Inopérance du moyen soulevé : Le Conseil d'État a souligné que les dispositions contestées de l'article L. 4124-6 du code de la santé publique ne concernent pas la motivation des décisions juridictionnelles. Ainsi, "le moyen tiré de ce qu'elles dispenseraient le juge disciplinaire de l'obligation de motiver le choix de la sanction qu'il prononce est inopérant" (Considération 3).
2. Existence d'une obligation de motivation : Il a été précisé que d'autres articles du code de la santé publique (L. 4124-7 et L. 4122-3) stipulent clairement que "les décisions des juridictions disciplinaires des ordres des médecins, des chirurgiens-dentistes et des sages-femmes doivent être motivées". Le juge disciplinaire est donc tenu de justifier ses décisions.
3. Caractère sérieux de la question soulevée : Le Conseil d'État a conclu que la question posée n'était pas nouvelle et qu'elle ne présentait pas un caractère sérieux sur le plan constitutionnel, ce qui a motivé sa décision de ne pas la renvoyer au Conseil constitutionnel (Considération 5).
Interprétations et citations légales
1. Constitutionnalité et spécificité des sanctions : Selon l'article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958, une disposition législative peut être contestée en raison de son incompatibilité avec la Constitution, à condition qu'elle soit applicable au litige. Dans le cas présent, le Conseil d'État a spécifiquement interprété que l'article L. 4124-6 ne touchait pas aux exigences de motivation exigées des jugements (Article 23-5).
2. Obligation de motiver les décisions : Comme indiqué dans les articles L. 4124-7 et L. 4122-3 du code de la santé publique, "les décisions des juridictions disciplinaires doivent être motivées". Cela établit une distinction claire entre les règles de procédure et les exigences substantielles de motivation, renforçant l'obligation qui pèse sur les juges disciplinaires de justifier leurs décisions disciplinaires.
En conclusion, cette décision met en lumière les limites de la contestation fondée sur la motivation des décisions disciplinaires, tout en réaffirmant l'exigence de motivation imposée aux juridictions spécialisées dans le domaine de la santé publique.