Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B..., salarié protégé, conteste la décision de l'inspecteur du travail qui a autorisé son licenciement pour inaptitude physique par la société Hôtel du Parvis de l'Europe. Après avoir formé un recours hiérarchique, il se pourvoit en cassation contre l'arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille qui a rejeté son appel en raison de la tardiveté de sa demande. La cour a considéré que le recours n'avait pas été introduit dans les délais impartis, et le Conseil d'État a confirmé cette analyse, rejetant ainsi le pourvoi de M. B... et ses conclusions au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Délai de recours hiérarchique :
Le Conseil d'État souligne que, selon l'article R. 2422-1 du Code du travail, le recours hiérarchique contre une décision de l'inspecteur du travail doit être introduit dans un délai de deux mois à compter de la notification de cette décision. Ce délai est un délai franc, ce qui signifie qu'il ne doit pas être compté de manière partielle. Ce point a été confirmé par le rapporteur public, qui a précisé que "le délai de deux mois dans lequel doit s'exercer le recours qu’elles mentionnent est, comme le délai de recours contentieux que ce recours est susceptible d'interrompre, un délai franc."
2. Date de réception du recours :
La cour a noté que le timing du recours était basé sur la date de réception par le ministre chargé du travail, pas sur la date d'envoi : "en se fondant sur la date à laquelle le pli contenant le recours hiérarchique de M. B...avait été, non pas envoyé par ce dernier, mais reçu par le ministre chargé du travail, pour juger que ce recours avait été introduit tardivement, la cour administrative d'appel n'a pas commis d'erreur de droit."
3. Interprétation des délais postaux :
Concernant l'article R. 1 du Code des postes et des communications électroniques, le Conseil d'État a précisé que "les envois prioritaires relevant du service universel postal sont distribués le jour ouvrable suivant le jour de leur dépôt" et que cette disposition ne crée pas de délais impératifs, permettant ainsi à la cour de conclure que le recours de M. B... n’avait pas été soumis en temps utile.
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article R. 2422-1 :
Cet article définit les modalités du recours hiérarchique, précisant qu'il doit être exercé dans un délai de deux mois à compter de la notification de la décision de l'inspecteur :
> "Le ministre chargé du travail peut annuler ou réformer la décision de l'inspecteur du travail sur le recours de l'employeur, du salarié ou du syndicat que ce salarié représente."
2. Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 - Article 16 :
Bien que cet article encadre la possibilité de se conformer à un délai par un envoi postal, le Conseil d'État a jugé qu'il n'affectait pas les conditions de recevabilité des recours hiérarchiques :
> "Toute personne tenue de respecter une date limite ou un délai peut satisfaire à cette obligation au moyen d'un envoi de correspondance, le cachet faisant foi."
3. Code des postes et des communications électroniques - Article R. 1 :
Cette mesure précise la gestion des envois par les services postaux sans créer d’obligation stricte pour le respect des délais, ce qui a été crucial pour l'appréciation de la cour :
> "Les envois prioritaires relevant du service universel postal sont distribués le jour ouvrable suivant le jour de leur dépôt."
En conclusion, le Conseil d'État, en maintenant le rejet du pourvoi de M. B..., a réaffirmé l'importance des délais franc dans les recours hiérarchiques ainsi que la responsabilité des parties de s'assurer que leurs recours soient introduits dans les délais convenus.