Résumé de la décision
La décision concerne Mme A..., reconnue prioritaire pour un relogement d'urgence par la commission de médiation de Paris, qui a subi une carence de l'État à exécuter son relogement entre le 14 février 2009 et le 16 novembre 2015. Après avoir été déboutée de sa demande d'indemnisation par le tribunal administratif de Paris en avril 2018, Mme A... se pourvoit en cassation. La Cour administrative d'appel annule le jugement du tribunal administratif et condamne l'État à verser à Mme A... une indemnité de 9 000 euros pour les troubles dans ses conditions d'existence résultant de la carence de l'État. De plus, l'État est condamné à verser 3 000 euros à son avocat au titre de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
1. Carence de l'État : La décision judiciaire met en avant que la carence de l'État à agir dans le délai légal constitue une faute engageant sa responsabilité envers Mme A.... Le tribunal administratif avait bien constaté cette carence, mais en a conclu incorrectement qu'il n'y avait pas de préjudice indemnisable.
- Citation pertinente : « il a toutefois jugé que cette faute ne lui causait aucun préjudice indemnisable ».
2. Droit à réparation : Mme A... a un droit à réparation pour les troubles subis, indépendamment des coûts qu'elle aurait dû engager pour un relogement. La présence d'enfants à sa charge souligne l'impact de la situation sur ses conditions de vie.
- Citation pertinente : « le tribunal administratif ne pouvait, sans erreur de droit, rejeter la demande de Mme A..., alors que le maintien de la situation qui a motivé la décision de la commission de médiation lui ouvrait droit à la réparation de ses troubles dans ses conditions d'existence ».
3. Indemnisation fixée : La Cour fixe l'indemnité à 9 000 euros, tenant compte des conditions précaires de logement et du foyer de Mme A..., composé de quatre personnes.
- Citation pertinente : « il sera fait une juste appréciation des troubles qu'elle a subis dans ses conditions d'existence (...) en fixant l'indemnité qui lui est due à 9 000 euros ».
Interprétations et citations légales
1. Engagement de responsabilité de l'État : La responsabilité de l'État est engagée sur le fondement des articles du Code de la construction et de l'habitation qui prévoient des procédures de relogement d'urgence pour les personnes reconnues prioritaires.
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 : « Lorsqu'une personne a été reconnue comme prioritaire et devant être logée ou relogée d'urgence, la carence fautive de l'État à exécuter cette décision dans le délai imparti engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur ».
2. Conditions d’existence et troubles : La variante du préjudice subi par la victime est également encadrée par le fait que cet état peut engendrer des troubles dans ses conditions de vie.
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3-1 : « La période de responsabilité de l'État court à compter de l'expiration du délai ... pour provoquer une offre de logement ... ».
3. Aide juridictionnelle et frais d'avocat : En ce qui concerne l'aide juridictionnelle, des articles régissant cette matière prévoient le remboursement des frais d'avocat de la partie ayant bénéficié de cette aide.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 et Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Ces dispositions permettent à l'avocat de Mme A... de solliciter une indemnité à la charge de l'État, conditionnée à une renonciation de sa part à la part contributive.