Résumé de la décision
La décision concerne le retrait de l'agrément d'armurier de M. A... par le préfet de la région Guyane, en date du 4 décembre 2018. Ce retrait a été motivé par des manquements dans la gestion de ses établissements, notamment des malversations dans une armurerie à Saint-Laurent-du-Maroni. M. A... et la SARL A.B. Cayenne ont contesté cette décision devant le tribunal administratif de la Guyane, demandant la suspension de son exécution. Le juge des référés a initialement suspendu le retrait, mais cette ordonnance a été annulée par la cour administrative d'appel, qui a jugé que le juge avait commis une erreur de droit en ne tenant pas compte des circonstances de la gestion de l'autre établissement. La demande de suspension a été rejetée, et aucune somme n'a été mise à la charge de l'État.
Arguments pertinents
1. Caractère personnel de l'agrément : La cour a souligné que l'agrément d'armurier est personnel et que l'administration peut prendre en compte l'ensemble des circonstances propres à la personne du détenteur pour justifier un retrait. Cela inclut les défaillances dans la gestion d'autres établissements sous la même direction.
- Citation pertinente : "l'agrément d'un armurier présente un caractère personnel qui implique que puissent être prises en compte, pour en justifier le retrait, l'ensemble des circonstances propres à la personne de son détenteur".
2. Doute sérieux quant à la légalité : Le juge des référés a initialement estimé que les malversations dans un autre établissement ne pouvaient pas être prises en compte pour apprécier la légalité du retrait. La cour a infirmé cette position, affirmant que les circonstances de gestion d'un établissement peuvent affecter la légalité du retrait d'agrément d'un autre établissement.
- Citation pertinente : "en refusant de tenir compte, pour apprécier la légalité du retrait de l'agrément de M. A...relatif à l'établissement A.B. Cayenne, des circonstances propres à la gestion de l'établissement Armurerie du Maroni, le juge des référés a commis une erreur de droit".
3. Rejet de la demande de suspension : La cour a conclu que les arguments présentés par M. A... et la SARL A.B. Cayenne ne créaient pas de doute sérieux quant à la légalité de la décision de retrait, entraînant le rejet de leur demande de suspension.
- Citation pertinente : "L'une des conditions posées par l'article L. 521-1 du code de justice administrative n'étant pas remplie, la demande de M. A... et de la SARL A. B. Cayenne tendant à ce que soit ordonnée la suspension de l'exécution de la décision du 4 décembre 2018 doit être rejetée".
Interprétations et citations légales
1. Code de la justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article permet au juge des référés de suspendre l'exécution d'une décision administrative lorsque l'urgence le justifie et qu'il existe un doute sérieux quant à la légalité de la décision. Dans cette affaire, la cour a jugé que le doute sérieux n'était pas établi.
- Citation : "le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision".
2. Code de la sécurité intérieure - Article L. 313-2 : Cet article stipule que nul ne peut exercer l'activité d'armurier sans agrément, et que cet agrément peut être retiré pour des raisons d'ordre public et de sécurité des personnes. La cour a interprété que les défaillances dans la gestion d'un établissement peuvent justifier le retrait d'agrément.
- Citation : "L'autorité qui a délivré l'agrément peut le suspendre pour une durée maximum de six mois ou le retirer, lorsque les conditions d'attribution de l'agrément ne sont plus remplies ou pour des raisons d'ordre public et de sécurité des personnes".
3. Code de la sécurité intérieure - Article R. 313-7 : Cet article précise les conditions dans lesquelles un agrément peut être suspendu ou retiré. La cour a noté que les circonstances de gestion d'un établissement peuvent être pertinentes pour évaluer le risque pour l'ordre public.