Résumé de la décision
M. B..., un ressortissant arménien, a obtenu un permis de conduire délivré par les autorités de la République socialiste soviétique d'Arménie en 1990. En 2018, la préfète de Loire-Atlantique a refusé d'échanger ce permis contre un permis français. M. B... a contesté cette décision devant le tribunal administratif de Dijon, qui a annulé le refus. Cependant, le ministre de l'intérieur a fait appel de ce jugement. Le Conseil d'État a annulé la décision du tribunal administratif, arguant qu'elle ne prenait pas en compte l'absence d'accord de réciprocité à la date de la décision.
Arguments pertinents
1. Sur l'accord de réciprocité : Le tribunal a trouvé que le ministre ne contestait pas l'existence d'un accord de réciprocité avec l'ex-URSS. Cependant, le Conseil d'État a souligné que cet accord avait cessé d'exister après la dissolution de l'URSS. L’absence d'un nouvel accord de réciprocité entre la France et les États post-soviétiques doit être considérée. "En se fondant ainsi sur l'existence d'un accord de réciprocité passé avec l'URSS qui avait, à la date de la décision litigieuse, cessé d'exister, le tribunal administratif a commis une erreur de droit."
2. Sur la reconnaissance du permis : Il n'a pas été vérifié si le permis de conduire de M. B... était reconnu par la Russie ou un autre État lié à la France par un accord de réciprocité en matière d'échange. Le Conseil d'État a identifié une lacune dans l'analyse juridique du tribunal.
Interprétations et citations légales
1. Code de la route - Article R. 222-3 : Cet article établit que "Tout permis de conduire national, en cours de validité, délivré par un Etat ni membre de la Communauté européenne, ni partie à l'accord sur l'Espace économique européen, peut être reconnu en France jusqu'à l'expiration d'un délai d'un an après l'acquisition de la résidence normale de son titulaire." Cela signifie que pour valider l'échange de permis, il est impératif de vérifier la validité de l'accord de réciprocité en vigueur.
2. Arrêté du 12 janvier 2012 - Article 5 : Ce texte précise les conditions nécessaires pour qu'un permis de conduire soit échangé contre un titre français. Il stipule que "tout permis de conduire délivré par un Etat n'appartenant ni à l'Union européenne, ni à l'Espace économique européen doit répondre aux conditions suivantes : A. Avoir été délivré au nom de l'Etat dans le ressort duquel le conducteur avait alors sa résidence normale, sous réserve qu'il existe un accord de réciprocité." Ceci est crucial, car cela établit que l'accord de réciprocité doit être valide au moment de la décision pour permettre l'échange de permis.
En résumé, la décision du Conseil d'État remet en question la validité de l'échange de permis en l'absence d'un accord de réciprocité valide, soulignant le besoin de respecter rigoureusement les dispositions légales concernant les échanges internationaux de permis de conduire.