Résumé de la décision
La décision porte sur un pourvoi en cassation formé par Mme B..., ressortissante du Kosovo, contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris daté du 16 avril 2015, qui avait rejeté son appel suite à un jugement du tribunal administratif de Melun. Ce dernier avait déjà rejeté sa demande d'annulation d'une décision implicite de refus du préfet de Seine-et-Marne de lui accorder un titre de séjour "vie privée et familiale". Le Conseil d'État a annulé l'arrêt attaqué, considérant que la cour avait commis une erreur de droit en s'appuyant sur un moyen non soulevé par les parties, et a renvoyé l'affaire à la cour administrative d'appel. De plus, il a décidé que l'État devait verser 3 000 euros à l'avocat de Mme B... au titre des frais de justice.
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Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur le moyen non soulevé :
Le Conseil d'État a constaté que la cour administrative d'appel a fondé sa décision sur un moyen relatif à l'obligation de présence physique à la préfecture pour déposer une demande de titre de séjour, sans que ce moyen ait été soulevé devant elle. Cela a été jugé comme une erreur de droit.
- Citant le Conseil d'État : « ... en se fondant sur ce moyen, qui n'était pas d'ordre public, pour rejeter l'appel formé par Mme B..., la cour administrative d'appel de Paris a commis une erreur de droit. »
2. Dispositions législatives applicables :
Le refus implicite du préfet basé sur la manière dont la demande était introduite a été jugé inopérant, soulignant que seules les règles d'ordre public requièrent d'être relevées d'office par le juge.
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Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article R. 311-1 :
Cet article établit que pour introduire une demande de titre de séjour, les intéressés doivent se présenter physiquement, sauf exceptions. Le Conseil d'État a souligné que ce moyen n'était pas un moyen d'ordre public et qu'il ne devait pas être introduit d'office par le juge.
- Citant l'article : « Tout étranger, âgé de plus de dix-huit ans (...), est tenu de se présenter (...) à la préfecture... »
2. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 et Code de justice administrative - Article L. 761-1 :
Ces textes régissent les frais d'avocat et l'aide juridictionnelle, justifiant la décision de condamner l'État à verser une somme à l'avocat de Mme B... pour les frais engagés dans le cadre de la procédure.
- Extrait pertinent : « ...l'Etat versera à la SCP Gatineau-Fattaccini, avocat de Mme B..., une somme de 3 000 euros... »
Ainsi, la décision réaffirme l'importance des règles de procédure et souligne comment les décisions de justice doivent se fonder uniquement sur les moyens effectivement soulevés par les parties en cause.