Résumé de la décision
La société Etablissements Masci, mandataire d'un groupement d'entreprises pour des travaux à la gare d'Austerlitz, a sollicité l'expertise d'un juge des référés après avoir constaté des niveaux de pollution au plomb dépassant les seuils réglementaires. Sa demande, initialement rejetée par le tribunal administratif, a également été confirmée en appel par la cour administrative d'appel de Paris. Cette décision a été contestée, et le juge a finalement annulé l'ordonnance du 25 septembre 2020, rejetant cependant la requête d’expertise de la société Etablissements Masci. En outre, la société a été condamnée à payer 3 000 euros à la société SNCF Gares et Connexions au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Caractère d'utilité de l'expertise : Le juge des référés a statué qu'il n'y avait pas d'utilité particulière à l'expertise demandée par la société Etablissements Masci, puisque cette dernière ne présentait pas de circonstances qui justifieraient une urgence ou un besoin immédiat. Il a souligné que le juge du fond pouvait ultérieurement ordonner une expertises similaire.
- Citation : "la société ne se prévalait d'aucune circonstance particulière qui conférerait à l'expertise qu'elle demande un caractère d'utilité différent".
2. Résiliation du marché : La décision a aussi été influencée par la résiliation du contrat par SNCF Mobilités, ce qui a rendu l'identification des polluants moins pertinente sur le plan juridique en raison de l'écoulement du temps depuis la résiliation.
- Citation : "il ne résulte pas de l'instruction que l'identification des produits polluants sur le chantier... présenterait une utilité en vue d'un litige au fond".
3. Frais de justice : Malgré l'annulation de l'ordonnance, la société Etablissements Masci a été condamnée à payer des frais à SNCF Gares et Connexions, en raison de son statut de partie perdante.
- Citation : "la société Etablissements Masci versera la somme de 3 000 euros à la société SNCF Gares et Connexions".
Interprétations et citations légales
1. Pouvoirs du juge des référés : L'article R. 532-1 du Code de justice administrative précise que "le juge des référés peut, sur simple requête... prescrire toute mesure utile d'expertise ou d'instruction". Cela souligne que le juge a le pouvoir d'ordonner des expertises sans qu'une décision administrative préalable soit nécessaire, mais dans le cadre d'une utilité justifiée.
2. Conditions d'ordonnance : Le principe selon lequel une mesure d'expertise doit avoir un caractère d'utilité immédiat et ne pas redondante avec les pouvoirs du juge du fond a été confirmé. La décision indique que le juge des référés a commis une erreur en ne reconnaissant pas le potentiel besoin d'expertise au regard des dangers de pollution, malgré l'absence d'une réelle justification immédiate dans ce contexte.
- Citation : "le juge des référés... a commis une erreur de droit".
3. Frais au titre de l'article L. 761-1 : Ce dernier article du Code de justice administrative stipule que la partie perdante peut être condamnée à verser une somme à l'autre partie pour couvrir ses frais. Dans ce cas, la décision de condamner Etablissements Masci, bien que la demande d'expertise ait été annulée, souligne l'injonction de couvrir les frais de la partie adverse en tant que partie perdante.
- Citation : "les dispositions de cet article font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de la société SNCF Gares et Connexions, qui n'est pas la partie perdante".
En conclusion, cette décision met en lumière les principes entourant l'expertise judiciaire dans le cadre des référés et la nécessité d'une utilité réelle pour la mesure demandée, tout en soulignant les implications financières pour la partie perdante en matière de frais de justice.