Résumé de la décision
Dans cette affaire, le ministre de l'écologie et le ministre du logement ont formé un pourvoi afin d'annuler l'ordonnance du président de la 4ème chambre du tribunal administratif de Bordeaux, qui avait condamné l'État à verser à Mme A... la somme de 4 000 euros, correspondant à l'indemnité temporaire de mobilité. Cette indemnité avait été attribuée à Mme A... après qu'elle eut occupé un emploi au "Pôle support intégré" depuis le 4 janvier 2010, et le tribunal avait conclu qu'elle avait droit à l'intégralité de l'indemnité de 10 000 euros. La décision finale a rejeté le pourvoi des ministres, confirmant que Mme A... remplissait les conditions requises pour percevoir cette indemnité.
Arguments pertinents
1. Droit à l'indemnité : Les ministres ne pouvaient pas contester en cassation le droit de Mme A... à l'indemnité, puisqu'il n'était pas prouvé qu'elle avait changé d'affectation avant l'expiration de la période de référence de trois ans. Selon l'ordonnance attaquée, "il ne ressort pas des pièces du dossier soumis au juge du fond que Mme A... ne remplissait pas les conditions requises pour percevoir l'intégralité de l'indemnité".
2. Charge de la preuve : Les ministres ne peuvent pas prétendre que le juge de première instance a méconnu ses obligations en condamnant l'État à verser une somme qu'il ne devait pas, en l'absence de preuve qu'elle ne remplissait pas la condition de durée d'affectation.
3. Absence de contestation préalable : Les ministres n’ayant pas soulevé la question du changement d'affectation en première instance, cette argumentation ne peut pas être utilisée en cassation, ce qui démontre la nécessité de présenter tous les arguments pertinents au moment approprié.
Interprétations et citations légales
Les articles pertinents du décret n° 2008-369 du 17 avril 2008 et de l'arrêté du 28 juillet 2009 sont interprétés pour déterminer les conditions d'octroi de l'indemnité :
- Décret n° 2008-369 - Article 1er : "Dans les administrations de l'État, (...) une indemnité temporaire de mobilité peut être accordée, dans le cadre d'une mobilité fonctionnelle ou géographique, aux fonctionnaires (...)". Cet article établit la base légale pour l'indemnité.
- Décret n° 2008-369 - Article 2 : "Le ou les emplois susceptibles de donner lieu à l'attribution d'une indemnité temporaire de mobilité sont déterminés par arrêté du ministre intéressé". La détermination des emplois éligibles est une prérogative ministérielle, mais une fois établie, les conditions doivent être respectées.
- Arrêté du 28 juillet 2009 - Article 4 : "Dans le cadre de la réorganisation de certains services, sont susceptibles de donner lieu à l'attribution de l'indemnité temporaire de mobilité les emplois suivants : / (...) / 2° Les emplois des pôles supports intégrés et des centres de prestations comptables mutualisés". Cela spécifie les types d'emplois éligibles à l'indemnité.
- Arrêté du 28 juillet 2009 - Article 6, alinéa 2 : "L'indemnité est versée sur une période de référence de trois ans aux agents affectés sur les emplois visés à l'article 4". Cette clause fixe la durée pendant laquelle ces fonctionnaires doivent être affectés pour avoir droit à l'intégralité de l'indemnité.
Ainsi, la décision du tribunal a fondé sa position sur une interprétation attenant au respect des conditions énoncées par ces textes, tout en indiquant que la charge de la preuve revenait aux ministres qui ont échoué à établir que Mme A... ne remplissait pas ces conditions.