Résumé de la décision
La décision rendue par le Conseil d'État concerne la demande de la SA CM CIC Investissement visant à annuler un arrêté de la cour administrative d'appel de Versailles qui avait rejeté sa demande de décharge des cotisations minimales de taxe professionnelle pour les années 2004, 2005 et 2006. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, considérant qu'il y avait eu une erreur de droit en prenant en compte l'ensemble des plus-values de cessions de valeurs mobilières, y compris celles sur titres de participation, pour le calcul de la valeur ajoutée. En outre, il a décidé que l'État devait verser une somme de 1 500 euros à la SA CM CIC Investissement au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit de la cour administrative d'appel : Le Conseil d'État a jugé que la cour administrative d’appel avait commis une erreur en incluant les plus-values de cessions de titres de participation dans le calcul des cotisations de taxe professionnelle. Le raisonnement est basé sur la définition précise des "produits d'exploitation bancaires" et "produits accessoires", stipulant que seuls les gains et pertes sur opérations de portefeuille de négociation et de placement devaient être pris en compte, conformément aux règlements comptables applicables. Comme indiqué dans la décision :
> "La cour a commis une erreur de droit" en incluant toutes les plus-values.
2. Applicabilité des règles comptables : Le Conseil d'État a appuyé sa décision sur le fait que les entreprises ayant une activité exclusive de gestion de valeurs mobilières doivent être soumises aux règles comptables précises prévues par les règlements de la réglementation bancaire. Cela souligne la nécessité de se conformer aux règles spécifiques applicables aux sociétés de capital-risque.
3. Indemnisation au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative : Le Conseil a également jugé approprié de mettre à la charge de l'État une somme pour couvrir les frais de justice de la SA CM CIC Investissement, ce qui est une reconnaissance de la nature défavorable de la décision administrative initiale.
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 - Article 1-1 : Cet article définit le statut des sociétés de capital-risque, soulignant qu'elles doivent gérer un portefeuille de valeurs mobilières, et établit ainsi leur cadre dans lequel elles opèrent. Cela est fondamental pour déterminer leur assujettissement à la taxe professionnelle, indiquant que leur activité est à titre habituel.
2. Code général des impôts - Article 1647 E : Ce dispositif précise comment calculer la cotisation de taxe professionnelle, stipulant que "la cotisation de taxe professionnelle des entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 7 600 000 euros est au moins égale à 1,5 % de la valeur ajoutée produite par l'entreprise". L'interprétation de ce texte a été cruciale dans la décision, car elle détermine ce qui constitue la valeur ajoutée.
3. Code général des impôts - Article 1647 B sexies : Cet article établit les règles pour calculer la valeur ajoutée, stipulant que pour les entreprises ayant une activité de gestion de valeurs mobilières "la production des établissements de crédit [...] est égale à la différence entre les produits d'exploitation bancaires et produits accessoires et les charges d'exploitation bancaires." Cette distinction fut centrale dans la décision du Conseil d'État, qui a cherché à séparer les produits à considérer pour le calcul de la cotisation de la société en question.
Ce raisonnement montre comment le cadre juridique et les définitions précises sont déterminants pour la conformité fiscale et l'évaluation des cotisations d'une entreprise, particulièrement dans le secteur spécifique de la capital-risque.