Résumé de la décision
La société Anro a contesté devant le tribunal administratif de Rennes la taxation sur les surfaces commerciales pour les années 2013 à 2015 pour son supermarché situé à Rennes, qu'elle exploite depuis 2000. Le tribunal a rejeté sa demande, considérant que la condition d'exercice continu d'une activité de vente au détail n'était pas satisfaite en raison de travaux qui avaient entraîné la création d'un nouvel établissement, au mépris des dispositions légales sur la continuité de l'activité commerciale. La société a fait appel de cette décision, mais le Conseil d'État a confirmé le jugement, rejetant le pourvoi et affirmant que l'État ne devait pas payer de frais de justice au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Continuité de l'activité commerciale : La décision souligne l'importance de la condition d'exercice continu d'une activité de commerce de détail, puisqu'elle est un critère déterminant pour l'application de la taxe sur les surfaces commerciales. Le tribunal a estimé que les travaux de démolition et de reconstruction en raison d'une expropriation avaient entraîné la création d'un nouvel établissement, rompant ainsi la continuité requise.
Citation pertinente : « En statuant ainsi, le tribunal n'a pas commis d'erreur de droit. »
2. Nature des travaux effectués : Le caractère significatif des travaux de rénovation effectués a donc eu des répercussions fiscales importantes, justifiant ainsi la non-application de l'exonération de la taxe.
Citation pertinente : « Il résulte de ces dispositions que la taxe sur les surfaces commerciales n'est pas due au titre d'un établissement lorsque... il n'y a pas ouverture d'établissement en cas de changement d'exploitant... pourvu que l'activité professionnelle demeure... »
3. Responsabilité des frais de justice : Le Conseil d'État a également précisé que, conformément à l'article L. 761-1, les frais ne pouvaient être mis à la charge de l'État car il n'était pas la partie perdante dans le procès en question.
Citation pertinente : « Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de l'Etat, qui n'est pas... la partie perdante. »
Interprétations et citations légales
1. Article portant sur la taxe sur les surfaces commerciales :
- Loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 - Article 3 : Cet article institue une taxe pour les surfaces commerciales excédant 400 mètres carrés, mais précise que cette taxe n'est pas due si l'établissement a toujours exercé une activité de vente au détail depuis avant 1960. Cela établit le prérequis d'une continuité de l'activité sans interruption significative.
2. Décret relatif à la taxe :
- Décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 - Article 1er : Ce décret précise que le concept d'établissement englobe l'unité locale où s'exerce l'activité. Cela implique que tout changement significatif, tel que la démolition d'une structure et sa reconstruction, peut être considéré comme l'établissement d'une nouvelle entité commerciale, remettant en question l'exonération d'imposition.
3. Code de justice administrative :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule les conditions de mise à charge des frais de justice. En l'absence de perte pour l'État dans ce litige, il n'est pas tenu de couvrir les frais de la partie perdante. Cela souligne le principe selon lequel la partie qui a vu sa demande rejetée supporte ses propres frais de justice.
En conclusion, la décision du Conseil d'État illustre l'interaction entre la continuité dans l'exercice d'une activité commerciale, les implications fiscales de travaux de rénovation significatifs, et les règles de procédure administrative relatives aux frais de justice.