Résumé de la décision
Mme B... a été reconnue prioritaire pour un relogement d'urgence par la commission de médiation de Paris en 2010. Un jugement du tribunal administratif de Paris en mars 2012 a ordonné au préfet de reloger Mme B..., mais celui-ci n'a pas exécuté cette décision dans le délai imparti. Mme B... a alors demandé réparation pour les préjudices financiers et moraux résultant de cette carence. Le tribunal administratif a rejeté sa demande en 2015, entraînant l'appel de Mme B... devant la cour administrative. La cour a annulé le jugement du tribunal en ce qui concerne le montant des préjudices subis et a ordonné une réévaluation.
Arguments pertinents
1. Carence fautive de l'État : La responsabilité de l'État est engagée lorsque celui-ci ne respecte pas les délais imposés par une décision à exécuter. La cour a précisé que "la carence fautive de l'Etat à exécuter ces décisions dans le délai imparti engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur".
2. Troubles dans les conditions d'existence : La cour a établi que les troubles causés à la requérante, en raison du non-relogement, doivent être évalués en fonction de "la durée de la carence et du nombre de personnes composant le foyer du demandeur", confirmant ainsi le droit à réparation des préjudices subis.
3. Droit à réparation : La cour a jugé qu'il était erroné de dire qu'il n'y avait pas de préjudice réel malgré la situation précaire de Mme B..., qui persévérait en raison de la carence de l'État. Ainsi, "la situation qui avait motivé la décision de la commission perdurait", ouvrant droit à la réparation.
Interprétations et citations légales
La décision se fonde principalement sur les dispositions suivantes :
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 : Cet article stipule que ceux reconnus prioritaires doivent être logés d’urgence, créant une obligation légale pour l'État d'agir.
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3-1 : Il précise que, en cas de non-exécution de cette obligation, les victimes peuvent demander réparation, ce qui a été crucial pour la décision de la cour.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 et Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Ces articles régissent le droit à l’aide juridictionnelle et la possibilité d’obtenir le remboursement des frais d’avocat, affirmant le droit de Mme B... à être compensée pour ses frais.
La cour administrative a donc clairement mis en avant la responsabilité de l'État dans le non-respect de ses obligations légales vis-à-vis des personnes reconnues comme prioritaires pour un relogement, ce qui est un élément essentiel dans la protection des droits des citoyens face à l’administration.