Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi de l'administration des douanes contre un arrêt de la Cour d'appel de Montpellier qui avait relaxé X... et Y... des accusations d'infraction à la législation douanière. Les faits remontent au 18 novembre 1959, lorsque X..., un topographe, a été trouvé en possession d'un appareil de géodésie de marque WILD, d'origine suisse, sans pouvoir justifier son introduction régulière sur le territoire douanier. La Cour d'appel a fondé sa décision sur le fait que Y... avait acheté l'appareil à un certain Z... en 1955, et a conclu à la prescription de l'infraction. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, estimant qu'elle n'avait pas suffisamment justifié sa décision au regard des éléments de preuve et des règles de droit applicables.
Arguments pertinents
1. Violation des règles de preuve : La Cour de cassation a souligné que la Cour d'appel n'avait pas constaté l'existence d'un cas de force majeure qui aurait pu justifier la détention de l'appareil sans titre d'origine. Cela constitue une violation des règles de preuve en matière douanière, où la présomption de fraude s'applique lorsque des marchandises prohibées sont trouvées sans justification.
> "En statuant ainsi, sans constater l'existence d'un cas de force majeure susceptible de détruire la présomption de fraude sur laquelle était fondée la poursuite..."
2. Charge de la preuve : La décision rappelle que la charge de la preuve incombe au détenteur des marchandises, qui doit prouver leur origine légale. En l'absence de justificatifs, la détention de l'appareil est considérée comme une infraction douanière.
> "La preuve de la non-contravention est à la charge du détenteur."
3. Prescription de l'infraction : Bien que la Cour d'appel ait évoqué la prescription de l'infraction, la Cour de cassation a estimé que cette question ne pouvait être tranchée sans avoir d'abord établi si l'infraction avait été commise.
> "Cette introduction frauduleuse serait prescrite puisque l'appareil a été acheté à Z... en 1955, c'est-à-dire quatre années avant le procès-verbal, base de la poursuite."
Interprétations et citations légales
La décision de la Cour de cassation repose sur plusieurs articles du Code des douanes, qui établissent les règles relatives à la détention de marchandises prohibées et la charge de la preuve :
- Code des douanes - Article 418 : Cet article stipule que certaines marchandises sont réputées avoir été introduites en contrebande lorsqu'elles sont trouvées dans le rayon des douanes sans justification d'origine. Cela établit la présomption de fraude.
- Code des douanes - Article 206 : Cet article précise que la charge de la preuve de la non-contravention incombe au détenteur des marchandises, qui doit fournir des justificatifs à la demande des agents des douanes.
- Code des douanes - Article 369 : Cet article indique que la détention irrégulière de marchandises prohibées constitue une infraction douanière.
La Cour de cassation a donc conclu que l'arrêt de la Cour d'appel n'avait pas donné une base légale à sa décision, en ne tirant pas les conséquences juridiques des faits constatés, ce qui a conduit à l'annulation de l'arrêt et au renvoi de l'affaire devant la Cour d'appel d'Aix-en-Provence.