Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi d'Emmanuel X... contre un arrêt de la Cour d'appel de Colmar, daté du 10 juillet 1962, qui l'avait condamné à trois mois d'emprisonnement pour outrage à magistrat. Les faits reprochés à X... concernent une plainte qu'il avait déposée le 16 mars 1962 auprès du commissaire de police de Strasbourg, accusant un certain Albert X de diverses infractions, lesquelles se sont révélées infondées. La Cour a confirmé que cette plainte, qualifiée de fantaisiste, portait atteinte à l'autorité du commissaire de police.
Arguments pertinents
1. Constitution de l'infraction : La Cour a établi que la plainte déposée par X... était infondée et constituait un outrage à l'égard du commissaire de police. Elle a souligné que le comportement de X... avait nécessité des recherches inutiles, ce qui pouvait nuire à l'autorité du magistrat. La Cour a affirmé que "ces énonciations [...] impliquent la conscience chez le prévenu qu'il portait atteinte à l'autorité du commissaire de police".
2. Intention délictueuse : La décision a précisé que l'intention délictueuse était caractérisée par la conscience de X... de nuire à l'autorité du commissaire, ce qui est un élément essentiel pour constituer l'infraction d'outrage. La Cour a noté que "les éléments légaux du délit prévu par l'article 222 du Code pénal [...] impliquent l'intention délictueuse".
Interprétations et citations légales
1. Article 222 du Code pénal : Cet article définit les outrages à magistrat comme des actes portant atteinte à l'autorité de ceux-ci. La Cour a appliqué cet article en considérant que le comportement de X... correspondait aux critères d'infraction, en raison de l'absence de fondement de sa plainte et de son impact sur l'autorité du commissaire.
2. Article 7 de la loi du 20 avril 1810 : Cet article, qui régit les outrages à magistrats, a également été invoqué dans le cadre de la décision. La Cour a interprété que la plainte de X..., bien que déposée auprès d'un commissaire de police, pouvait être considérée comme un outrage au regard des circonstances entourant son dépôt.
La décision souligne ainsi que la simple inexactitude d'une accusation ne suffit pas à écarter la qualification d'outrage, si cette accusation est faite avec l'intention de nuire à l'honneur ou à l'autorité du magistrat. La Cour a donc rejeté le pourvoi, considérant que les éléments constitutifs de l'infraction étaient bien établis.