Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par le procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence contre un arrêt du 9 mai 1962 qui avait relaxé Madame X..., épouse Y..., du chef de non-délivrance de facture à l'acheteur après la vente de 2340 kilogrammes d'oranges. La cour a constaté que la facture n'avait été établie que le 24 janvier 1960, soit un jour après la vente, et que l'acheteur n'avait reçu la facture que le 29 janvier. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la cour d'appel, considérant que la prévenue avait violé l'article 46 de l'ordonnance n° 45-1483 du 30 juin 1945, qui impose la délivrance d'une facture dès que la vente est devenue définitive.
Arguments pertinents
1. Obligation de délivrance de la facture : La Cour de cassation a rappelé que, selon l'article 46 de l'ordonnance précitée, le vendeur est tenu de délivrer une facture "des que la vente est devenue définitive". En l'espèce, la vente était considérée comme définitive le 23 janvier, date à laquelle le pesage des oranges a été effectué.
2. Inadmissibilité des excuses : La cour a rejeté les arguments de la prévenue selon lesquels le délai d'une journée pour établir la facture était justifié par la réception tardive du bulletin de pesage. Elle a précisé que "l'usage d'un délai de vingt-quatre heures pour l'envoi du bulletin de pesée ne saurait constituer une excuse, la loi ne la prévoyant pas".
3. Responsabilité du vendeur : La Cour a également souligné que la responsabilité de la délivrance de la facture incombe au vendeur, même si un courtier était impliqué dans la transaction. La vente ayant été conclue directement par les établissements Y... avec le grossiste Z..., le courtier ne pouvait pas exonérer le vendeur de son obligation.
Interprétations et citations légales
L'article 46 de l'ordonnance n° 45-1483 du 30 juin 1945 stipule :
- Article 46, alinéa 1 : "Tout achat de produits, denrées ou marchandises, destinés à la revente en l'état, doit faire l'objet d'une facture."
- Article 46, alinéa 2 : "Le vendeur est tenu de la délivrer 'des que la vente est devenue définitive'."
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Interprétations
- Définition de la vente définitive : La Cour a interprété que la vente est devenue définitive dès que le pesage a été effectué, ce qui a eu lieu le 23 janvier. Cela implique que toute obligation de facturation devait être respectée à partir de ce moment-là.
- Absence de force majeure : La décision insiste sur le fait qu'aucun cas de force majeure ne justifiait le retard dans la délivrance de la facture. La cour a affirmé que même des circonstances atténuantes, comme la négligence d'un intermédiaire, ne peuvent pas exonérer le vendeur de ses obligations légales.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation souligne l'importance de respecter les obligations de facturation dans le cadre des transactions commerciales, en précisant que les excuses non prévues par la loi ne sauraient être acceptées.