Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par X... (Raymond), partie civile, contre un arrêt de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence du 10 octobre 1961, qui avait prononcé la relaxe de Y... dans une affaire d'injures non publiques. X... avait cité Y... pour des propos injurieux contenus dans une lettre adressée à son épouse, Dame X..., et contenue dans une enveloppe portant la mention "personnelle". La Cour de cassation a cassé l'arrêt de la Cour d'appel, considérant que celle-ci avait mal appliqué les textes de loi relatifs à l'injure non publique.
Arguments pertinents
1. Qualification des faits : La Cour de cassation a souligné que les propos incriminés n'avaient pas fait l'objet de publicité, ce qui justifiait la qualification d'injure non publique. Elle a affirmé que la mention "personnelle" sur l'enveloppe ne conférait pas un caractère confidentiel à la lettre, car les termes de celle-ci invitaient à porter les faits à la connaissance d'autres personnes, notamment le mari de la destinataire et ses supérieurs hiérarchiques.
> "En effet, une telle mention était insuffisante pour donner à cette correspondance le caractère privé et confidentiel que Y... prétend y avoir attaché."
2. Inexactitude des motifs de la Cour d'appel : La Cour de cassation a constaté que la Cour d'appel avait erronément jugé que la lettre avait un caractère confidentiel, ce qui a conduit à une relaxe inappropriée. Elle a précisé que les conditions d'une injure non publique étaient remplies, malgré la mention sur l'enveloppe.
> "Il résulte des termes mêmes de la citation que les propos diffamatoires dénoncés par le plaignant n'ont fait l'objet d'aucune publicité de la part de Y..."
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes de loi, notamment :
- Loi du 29 juillet 1881 - Article 29 : Cet article définit les injures non publiques et précise les conditions dans lesquelles elles peuvent être poursuivies.
- Loi du 29 juillet 1881 - Article 33 : Cet article stipule que l'injure non publique est punissable, ce qui est pertinent dans le cadre de la qualification retenue par la Cour de cassation.
- Code pénal - Article R 26, paragraphe 11 : Cet article précise les sanctions applicables aux injures non publiques.
- Loi du 20 avril 1810 - Article 7 : Cet article traite des conditions de confidentialité des correspondances.
La Cour de cassation a donc interprété ces textes en considérant que la mention "personnelle" sur l'enveloppe ne suffisait pas à établir un caractère confidentiel, surtout en raison des termes explicites de la lettre qui invitaient à partager son contenu.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de la qualification juridique des faits et la nécessité d'une interprétation rigoureuse des textes de loi en matière d'injures non publiques.