Résumé de la décision
Dans cette affaire, X... (Albert) a été condamné par la Cour d'appel d'Aix-en-Provence pour délit d'usure, en raison de l'octroi de prêts à des taux jugés usuraires, atteignant entre 120 et 170 %. La Cour de cassation a été saisie par X... qui a contesté cette décision, arguant que la Cour d'appel n'avait pas constaté que les taux pratiqués dépassaient de plus de moitié le taux moyen des prêts consentis par des prêteurs de bonne foi pour des opérations analogues. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la Cour d'appel, estimant que celle-ci avait méconnu les exigences légales.
Arguments pertinents
1. Obligation de constatation des éléments constitutifs de l'usure : La Cour de cassation souligne que pour qu'une condamnation pour usure soit justifiée, il est impératif que le juge établisse que le taux effectif des prêts consentis par le prévenu dépasse de plus de moitié le taux moyen pratiqué par des prêteurs de bonne foi. La Cour a noté que « les juges du fond n'en étaient pas moins dans l'obligation de préciser, ainsi que l'exige le texte de loi susvisé, que le taux des prêts consentis par X... dépassait de plus de moitié le taux moyen des prêts faits par des prêteurs de bonne foi ».
2. Violation des textes légaux : La décision de la Cour d'appel a été jugée comme méconnaissant les dispositions de l'article 1er du décret du 8 août 1935 et de l'article 7 de la loi du 20 avril 1810, qui précisent les conditions sous lesquelles un prêt peut être qualifié d'usuraire.
Interprétations et citations légales
- Article 1er du décret du 8 août 1935 : Cet article stipule qu'un prêt ne peut être usuraire que s'il a été fait à un taux dépassant de plus de moitié le taux moyen pratiqué par des prêteurs de bonne foi pour des opérations de crédit comportant les mêmes risques. Cela implique une obligation pour le juge de comparer le taux pratiqué par le prévenu avec le taux moyen du marché.
- Article 7 de la loi du 20 avril 1810 : Bien que cet article ne soit pas cité en détail dans la décision, il est souvent associé à la définition et à la répression de l'usure, renforçant l'idée que la preuve de l'existence d'un taux usuraire doit être rigoureusement établie.
La Cour de cassation a ainsi rappelé que la simple constatation d'un taux élevé ne suffit pas à établir l'usure sans une analyse comparative avec les pratiques du marché, ce qui constitue une exigence essentielle pour la qualification pénale de l'infraction.