Résumé de la décision
La Cour de Cassation a rejeté le pourvoi de Georges X..., détenu, contre un arrêt de la Chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence en date du 11 décembre 1963, qui avait statué sur une demande d'extradition formulée par le gouvernement hellénique. Georges X... contestait son extradition vers la Grèce en invoquant le principe de spécialité, arguant qu'il avait déjà été extradé par l'Italie à la demande de la France et que cette extradition ne permettait pas une nouvelle extradition vers la Grèce. La Cour a confirmé que l'accord du gouvernement italien sur la réextradition et la suspension de la prescription des peines en raison de sa détention en Italie justifiaient la décision d'extrader X... vers la Grèce.
Arguments pertinents
1. Principe de spécialité : Georges X... soutenait que, selon le principe de spécialité de l'extradition, il ne pouvait être extradé vers la Grèce après avoir été extradé d'Italie. La Cour a rejeté cet argument en soulignant que la demande d'extradition grecque concernait des faits différents de ceux qui avaient motivé son transfert d'Italie en France. La Cour a noté que "la demande d'extradition du gouvernement hellénique a été formée à l'occasion de poursuites exercées en territoire étranger et pour des faits différents".
2. Accord du gouvernement italien : La Cour a également pris en compte une note verbale du gouvernement italien datée du 7 juin 1963, qui indiquait qu'il n'y avait aucune opposition à l'extradition de Georges X... vers la Grèce, une fois que la justice française serait satisfaite. La Cour a affirmé que "l'absence d'opposition du gouvernement italien à la mesure d'extradition demandée justifiait la décision".
3. Suspension de la prescription : Concernant la question de la prescription des peines, la Cour a constaté que Georges X... avait été détenu en Italie pendant une période qui a suspendu la prescription des peines prononcées par le tribunal d'Athènes. La Cour a précisé que "la détention subie, pour d'autres causes en Italie par X..., avait constitué un obstacle absolu à la mise à exécution des jugements dont s'agit".
Interprétations et citations légales
1. Article 21 de la loi du 10 mars 1927 : Cet article stipule les conditions de l'extradition et le principe de spécialité. La Cour a interprété cet article en affirmant que l'accord formel du gouvernement italien sur la réextradition de Georges X... était suffisant pour écarter les précédentes décisions de la Cour d'appel de Milan.
2. Article 5, alinéa 5, de la loi du 10 mars 1927 : Cet article traite de la prescription des peines en matière d'extradition. La Cour a appliqué la règle "contra non valentem agere non currit praescriptio", en considérant que la détention de Georges X... en Italie constituait un obstacle à l'exécution des jugements grecs, suspendant ainsi la prescription des peines.
3. Convention d'extradition entre la Grèce et la France : La Cour a également fait référence à cette convention pour justifier la légalité de l'extradition, en affirmant que les règles de prescription de la peine étaient acquises selon la loi française, ce qui a permis de conclure que la détention en Italie ne pouvait pas être considérée comme un fait de force majeure pour interrompre la prescription.
En conclusion, la décision de la Cour de Cassation repose sur une interprétation rigoureuse des textes de loi et des principes d'extradition, affirmant la légitimité de l'extradition de Georges X... vers la Grèce.