Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de la dame veuve X..., partie civile, contre un arrêt de la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Limoges, qui avait déclaré irrecevable sa constitution de partie civile dans le cadre des poursuites pour homicide involontaire contre Pierre Y..., préposé de Paul Y..., l'employeur de la victime. L'accident mortel de X... s'est produit dans le cadre de son travail, et la chambre d'accusation a estimé que la législation sur les accidents du travail interdisait à la veuve de se constituer partie civile contre le préposé de l'employeur.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la constitution de partie civile : La chambre d'accusation a jugé que la veuve ne pouvait pas se constituer partie civile contre le préposé de l'employeur, Pierre Y..., en raison des dispositions des articles 1145 et 1147 du Code rural. Ces articles stipulent que les victimes d'accidents du travail ne peuvent se prévaloir d'aucune autre disposition que celles prévues par le Code rural concernant les accidents du travail.
2. Application des articles du Code rural : La Cour a souligné que l'article 1145 du Code rural interdit aux ouvriers et à leurs ayants droit de se prévaloir d'actions en justice contre leur employeur ou ses préposés pour des accidents survenus dans le cadre de leur travail. L'article 1147, quant à lui, reconnaît le droit de réclamer réparation uniquement contre des tiers, excluant ainsi les actions contre l'employeur ou ses préposés.
3. Caractère absolu des prescriptions : La Cour a affirmé que les prescriptions des articles 1145 et 1147 ont un caractère absolu et s'appliquent de manière générale, interdisant ainsi à la veuve de la victime d'exercer une action civile contre le préposé de l'employeur, même devant les juridictions d'instruction ou de jugement.
Interprétations et citations légales
- Code rural - Article 1145 : Cet article stipule que "les ouvriers et employés (ou leurs ayants droit) ne peuvent se prévaloir, à raison des accidents dont ils sont victimes dans leur travail, d'aucunes dispositions autres que celles prévues au titre troisième du Code rural relatif aux accidents du travail et risques agricoles." Cela signifie que la victime ou ses ayants droit sont limités dans leurs recours en justice, ce qui a été un point central dans la décision de la Cour.
- Code rural - Article 1147 : Selon cet article, "la victime ou ses représentants peuvent réclamer, contre l'auteur de l'accident, la réparation du préjudice causé, conformément aux règles du droit commun, mais uniquement à condition que ce recours en indemnisation s'exerce contre d'autres personnes que le patron ou ses ouvriers et préposés." Cette disposition clarifie que le droit à réparation ne s'applique pas aux actions contre l'employeur ou ses préposés, renforçant ainsi la décision de la Cour d'appel.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation stricte des dispositions du Code rural, qui limitent les recours en justice des victimes d'accidents du travail, confirmant ainsi l'irrecevabilité de la constitution de partie civile de la dame veuve X....