Résumé de la décision
Dans cette affaire, Dame X..., en tant qu'épouse de Y... et gérante de la société Y... et Cie, a été condamnée par la Cour d'appel de Nîmes à une amende pour non-délivrance de facture suite à une vente d'oranges à un grossiste. La cour a estimé que le représentant de la société, Z..., agissait en tant que commissionnaire et que la société était donc responsable de la délivrance de la facture. La Cour de cassation a annulé cette décision, considérant que la qualification de Z... comme commissionnaire ou courtier n'était pas clairement établie, ce qui laissait incertaine la responsabilité de la société en matière de délivrance de facture.
Arguments pertinents
1. Incertitude sur la qualité de Z... : La Cour de cassation a relevé que la Cour d'appel avait utilisé les termes "courtier" et "commissionnaire" de manière interchangeable pour qualifier Z..., ce qui a créé une ambiguïté sur sa véritable qualité juridique dans la transaction. La Cour a souligné que "les juges d'appel laissent incertaine la qualité juridique de ce dernier dans la réalisation du marché".
2. Obligations de la société en vertu de l'article 46 : La Cour a rappelé que selon l'Ordonnance n° 45-1483, le vendeur est tenu de délivrer la facture dès que la vente est devenue définitive. Si Z... avait agi en tant que commissionnaire, la société aurait été déchargée de cette obligation en lui remettant la facture sans délai.
3. Distinction entre courtier et commissionnaire : La décision a mis en lumière la distinction entre un courtier, qui n'a pas le droit de recevoir la facture, et un commissionnaire, qui agit pour le compte de son commettant. La Cour a affirmé que "le commissionnaire effectue une opération commerciale pour le compte de son commettant", ce qui implique des obligations différentes en matière de délivrance de facture.
Interprétations et citations légales
1. Article 46 de l'Ordonnance n° 45-1483 : Cet article stipule que "tout achat de produits, denrées ou marchandises, destinés à la revente en l'état, doit faire l'objet d'une facture" et que "le vendeur est tenu de la délivrer dès que la vente est devenue définitive". Cela souligne l'obligation du vendeur de fournir une facture, mais cette obligation peut être influencée par la qualité de l'intermédiaire (courtier ou commissionnaire).
2. Code de commerce - Article 94 : Cet article précise que les droits et devoirs du commissionnaire sont déterminés par le Code civil. La Cour a noté que si Z... avait agi en tant que commissionnaire, il aurait été considéré comme mandataire légal de l'acheteur, déchargeant ainsi la société de ses obligations de délivrance de facture.
3. Code civil - Articles 1984 et suivants : Ces articles régissent les relations de mandat, établissant que le mandataire agit pour le compte du mandant. La qualification de Z... en tant que mandataire aurait des implications significatives sur la responsabilité de la société en matière de délivrance de facture.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en exergue l'importance de la clarté dans la qualification des rôles des parties dans une transaction commerciale, ainsi que les obligations qui en découlent en matière de délivrance de factures.