Résumé de la décision
La Cour d'appel de Toulouse a statué sur une affaire d'expropriation où la Ville de Montauban avait obtenu l'expropriation de diverses parcelles de terre appartenant aux époux de Gary, acquises en 1957. L'indemnité fixée par la cour s'élevait à 195 200 nouveaux francs, ce qui était contesté par les époux de Gary, arguant que cette somme dépassait l'estimation de la valeur des biens lors de leur dernière mutation, conformément à l'article 21, alinéa 4, de l'ordonnance du 23 octobre 1958. La cour a rejeté les arguments des époux, considérant que des modifications dans l'état des lieux justifiaient l'augmentation de l'indemnité.
Arguments pertinents
1. Estimation des biens expropriés : La cour a rappelé que l'évaluation des biens expropriés doit se faire en tenant compte de la dernière mutation antérieure de moins de cinq ans, mais qu'elle peut être révisée en fonction des variations du coût de la construction.
- Citation : "Ces évaluations sont toutefois révisées compte tenu des variations du coût de la construction entre la date de la mutation de référence et celle du jugement fixant les indemnités."
2. Modification dans la consistance des lieux : La cour a élargi l'interprétation de ce qui constitue une modification justifiant une réévaluation, en considérant que des changements dans l'intérêt attaché à l'emplacement des biens peuvent être pris en compte.
- Citation : "La cour d'appel a pu rejeter l'interprétation restrictive proposée par la commune expropriante et considérer comme une modification dans la consistance des lieux un changement survenu dans l'intérêt s'attachant à l'emplacement des immeubles."
3. Évolution de la zone d'expropriation : La cour a constaté que le quartier où se situaient les immeubles expropriés était en expansion et ne pouvait plus être considéré comme une zone rurale, ce qui a eu un impact sur la valeur des terrains.
- Citation : "Le quartier 'Lagravette-Chantilly à Montauban, où sont situés les immeubles expropriés' est 'en expansion' et 'ne peut plus être considéré comme situé en zone rurale.'"
Interprétations et citations légales
1. Article 21, alinéa 4, de l'ordonnance du 23 octobre 1958 : Cet article stipule que l'indemnité due en cas d'expropriation ne peut excéder l'estimation faite lors de la dernière mutation des biens, sauf en cas de modifications justifiées dans la consistance ou l'état des lieux. La cour a interprété cette disposition de manière à inclure des changements dans l'intérêt économique de l'emplacement.
2. Article 30 du décret du 20 novembre 1959 : Ce texte précise les modalités d'évaluation des biens expropriés et les conditions dans lesquelles des modifications peuvent être prises en compte. La cour a jugé que les changements dans l'affectation possible des terrains justifiaient une réévaluation de leur valeur.
3. Volonté du législateur : La décision souligne que le législateur a voulu éviter de priver l'exproprié de la plus-value acquise par les immeubles depuis leur dernière mutation, ce qui justifie une interprétation plus large des modifications dans la consistance des lieux.
En conclusion, la cour a rejeté le pourvoi des époux de Gary, considérant que les modifications dans l'état et l'affectation des lieux justifiaient l'indemnité fixée, en conformité avec les textes législatifs applicables.