Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté les pourvois formés par Lucien X... et la SARL X... contre un arrêt de la Cour d'appel de Caen du 8 janvier 1964. Cet arrêt avait condamné les requérants à diverses peines d'amendes et à la confiscation pour avoir mis en circulation un véhicule sous couvert d'un récépissé inapplicable. Le véhicule en question, un camion, avait transporté des déblais d'un chantier vers une décharge publique. La Cour a jugé que le transport effectué constituait un transport de marchandises soumis à la taxation, et que les exonérations fiscales invoquées par les requérants n'étaient pas applicables dans ce cas.
Arguments pertinents
1. Qualification du transport : La Cour a affirmé que le camion transportait des déblais, ce qui, selon la législation, est considéré comme un transport de marchandises. La Cour a précisé que « les termes transport de marchandises s'appliquent au déplacement de toute chose mobilière par opposition au transport de personnes ». Cela signifie que le chargement de terre était suffisant pour qualifier le transport de marchandises, rendant ainsi applicable la taxe.
2. Exonération fiscale : La Cour a également rejeté l'argument selon lequel le transport était interne à l'entreprise, justifiant l'exonération. Elle a statué que le transport des déblais à la décharge, même s'il était lié à des travaux publics, ne pouvait pas être considéré comme un transport interne, car il nécessitait l'utilisation de la voie publique sur une distance significative. La Cour a noté que « les exonérations fiscales sont d'interprétation stricte », ce qui a conduit à la conclusion que le transport incriminé ne bénéficiait pas de l'exonération prévue.
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 016 A 3, 2B : Cet article stipule que « les véhicules affectés exclusivement aux transports intérieurs des chantiers et entreprises sont exonérés du paiement de la taxe, même si à l'occasion de ces transports ces véhicules traversent en charge la voie publique ». La Cour a interprété cet article de manière stricte, concluant que le transport des déblais vers une décharge publique ne pouvait pas être considéré comme un transport interne, car il impliquait un trajet significatif sur la voie publique.
2. Décret du 19 septembre 1956 : Ce décret a établi une taxe sur les véhicules automobiles pour les transports de marchandises. La Cour a souligné que la mise en circulation du camion pour le transport des déblais était en violation de cette réglementation, car le camion ne pouvait pas bénéficier de l'exonération prévue.
3. Code civil - Article 1134 : Cet article impose que les conventions doivent être exécutées de bonne foi. La Cour a considéré que les conclusions des requérants, qui soutenaient que le transport était conforme aux stipulations d'un marché public, n'étaient pas fondées, car le transport à la décharge ne relevait pas des travaux internes au chantier.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation stricte des textes législatifs et réglementaires en matière de transport de marchandises et d'exonérations fiscales, confirmant ainsi la légitimité des sanctions imposées aux requérants.