Résumé de la décision
La cour administrative d’appel de Picardie a été saisie par le préfet de la Somme pour contester un jugement du tribunal administratif d'Amiens du 19 octobre 2017, qui avait annulé une décision du préfet obligeant Mme B..., ressortissante marocaine, à quitter le territoire français. Mme B..., entrée en France en janvier 2017 pour rejoindre son mari français, a été obligée de partir par une décision datée du 6 juillet 2017. La cour a décidé d'annuler le jugement du tribunal administratif, considérant que la décision du préfet n'était pas manifestement erronée quant aux conséquences sur la situation personnelle de Mme B..., lui permettant ainsi de demander un visa de long séjour depuis le Maroc.
Arguments pertinents
1. Sur l'appréciation de la situation personnelle : La cour a estimé que le préfet n’avait pas fait une appréciation manifestement erronée des conséquences de sa décision sur la situation de Mme B..., car, bien qu'elle ait récemment rejoint son époux en France, il lui était toujours possible de demander un visa de long séjour. La cour a déclaré que « la décision contestée ne fait pas obstacle à ce que l'intéressée demande le bénéfice d'un visa de long séjour », ce qui justifie la validité de la décision du préfet.
2. Sur les droits des enfants : Concernant les enfants, scolarisés en France depuis seulement six mois, la cour a rejeté l'argument selon lequel la décision du préfet méconnaîtrait les droits des enfants sous l’angle de l’article 3 de la convention internationale relative aux droits de l'enfant, en affirmant que la décision « ne fait pas obstacle à ce que les enfants puissent rester avec leur père ou accompagner leur mère pendant le temps nécessaire à la régularisation ».
Interprétations et citations légales
1. Convention internationale relative aux droits de l'enfant : L’article 3, paragraphe 1 de cette convention stipule que « dans toutes les actions concernant des enfants, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale ». La cour a interprété cet article en considérant que la possibilité pour les enfants de rester en France ou d'accompagner leur mère pour régulariser leur situation suffisait à garantir leur intérêt supérieur.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Ce code, qui encadre les décisions des préfets en matière de séjour et d'expulsion, autorise les autorités à prendre des décisions d'éloignement lorsque les conditions légales sont remplies. La cour souligne que la décision d'éloignement de Mme B... repose sur cette base légale, et n'est pas entachée d'illégalité.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article concerne les frais irrépétibles à la charge de l'État en cas de recours devant une juridiction administrative. Le tribunal a rejeté les demandes de Mme B... tendant à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'État, s’appuyant sur le fait que le jugement qui annulait la décision du préfet était erroné, ce qui ne justifiait pas une indemnisation.
En conclusion, la cour a confirmé la légalité des décisions du préfet, en mettant en avant que les possibilités de régularisation restent ouvertes pour Mme B..., et que les impacts sur ses enfants ne justifiaient pas l'annulation de l'obligation de quitter le territoire.