Résumé de la décision
M. A..., de nationalité marocaine, a déposé une déclaration pour acquérir la nationalité française en raison de son mariage avec une ressortissante française. Par un décret du 10 octobre 2019, le Premier ministre a opposé son refus d'acquisition, arguant de l'indignité de M. A... à acquérir la nationalité française, suite à sa condamnation pénale. M. A... a contesté ce décret par le biais d'une requête en annulation pour excès de pouvoir. La décision rendue rejette sa demande, confirmant la légalité du décret de refus.
Arguments pertinents
1. Absence d'exigence formelle des signatures : La décision stipule que « aucune disposition législative ou réglementaire n'impose que les signatures du Premier ministre et du ministre de l’intérieur soient apposées sur l’ampliation du décret » pour sa notification à M. A..., validant ainsi la procédure de notification.
2. Délai d'opposition : Le délai de deux ans pour s'opposer à l'acquisition de la nationalité commence à la date du récépissé. Le décret a été pris dans le cadre de cette prescription, avant l’expiration de ce délai, ce qui a également été jugé conforme à la loi.
3. Présomption d'innocence : La décision met en lumière que la présomption d’innocence ne s’oppose pas à l’opposition gouvernementale fondée sur des faits non encore jugés. En effet, le ministre s’est fondé sur des condamnations postérieures au début de la procédure, rendant la justification conforme aux dispositions légales.
4. Gravité des faits : Les faits ayant conduit à la condamnation de M. A... sont qualifiés de graves et récents, ce qui justifie l'estimation d’une indignité à acquérir la nationalité. Cette gravité est mise en avant pour soutenir la décision du ministre de l'intérieur.
Interprétations et citations légales
- Opportunité d'opposition : Selon le Code civil - Article 21-4, « Le Gouvernement peut s'opposer par décret en Conseil d'Etat... à l'acquisition de la nationalité française par le conjoint étranger... ». Cette disposition permet à l'État, sous certaines conditions, de refuser l'acquisition de la nationalité, ce qui a été appliqué dans le cas présent.
- Indignité et ordonnance : L'indignité est précisée dans le même article, afin de permettre une évaluation de la moralité d'un individu souhaitant acquérir la nationalité. Ici, la cour a noté que « le ministre de l'intérieur n'a pas, compte tenu de la gravité des faits en cause ainsi que de leur caractère particulièrement récent, inexactement appliqué les dispositions de l'article 21-4 du code civil ».
- Évaluation de la légalité : La décision souligne que « le décret contesté... se fonde sur la condamnation pénale dont a fait l'objet M. A... », soulignant que l’appréciation de la situation de M. A... était actualisée et conforme aux exigences de la loi.
En somme, la décision s'appuie sur la légalité des démarches administratives, les délais prévus par la loi et la pondération des faits de nature pénale pour justifier le refus d’attribution de la nationalité française à M. A....