Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation formulé par le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux datant du 6 mars 2018. Cet arrêt avait annulé un arrêté préfectoral du 19 mai 2014, enregistrant les installations de méthanisation de la société Méthadoux Energies, localisées à Saint-Soulle, en raison d’une présumée insuffisance dans l'appréciation des capacités techniques et financières de l'exploitant. La Cour de cassation a annulé la décision de la cour administrative d'appel, arguant que cette dernière a commis une erreur de droit en affirmant que les nouvelles dispositions de l'ordonnance 2017-80 ne s’appliquaient pas à l’autorisation en question, rendue avant leur entrée en vigueur.
Arguments pertinents
1. Sur l'application des dispositions législatives récentes : La cour a soulevé que le juge d’appel a erré en considérant que la législation nouvellement appliquée (ordonnance du 26 janvier 2017) ne pouvait pas être utilisée. L'argument central repose sur le fait que les nouvelles règles devraient s'appliquer à toutes les décisions encore pendantes à leur entrée en vigueur, renforçant ainsi l’exigence des capacités techniques et financières. La décision affirme : « en jugeant qu'il résultait des dispositions de l'article 15 de l'ordonnance du 26 janvier 2017 que les dispositions de cette ordonnance ne s'appliquaient pas à la décision en cause, la cour a entaché son arrêt d'une erreur de droit. »
2. Sur la compétence du juge administratif : Il a également été expliqué que le juge du plein contentieux doit respecter les règles de fond en vigueur à la date de jugement, ce qui sous-entend la nécessité de considérer les réformes législatives récentes lors de l’examen des décisions en matière d’autorisation d'exploitations classées. L’arrêt stipule : « [...] il appartient au juge du plein contentieux des installations classées pour la protection de l'environnement d'apprécier le respect des règles relatives à la forme et la procédure régissant la demande d'autorisation au regard des circonstances de fait et de droit en vigueur à la date de délivrance de l'autorisation... »
Interprétations et citations légales
1. Application des dispositions de l'ordonnance du 26 janvier 2017 : Les juges ont clarifié que les dispositions législatives antérieures ne devraient pas faire obstacle à l'application des nouvelles règles concernant l'appréciation des capacités techniques et financières des exploitants. Cela implique que le préfet doit évaluer les demandes à la lumière des exigences les plus récentes afin de protéger l'environnement.
- Ordonnance n° 2017-80 du 26 janvier 2017 - Article 15 : « [...] ces dispositions n'ont ni pour objet ni pour effet de différer l'entrée en vigueur des dispositions de l'ordonnance concernant les enregistrements d'installations classées pour la protection de l'environnement aux enregistrements auxquels il a été procédé postérieurement à cette date. »
2. Règles de fond et règles de forme : La distinction entre les règles de fond (qui se concentrent sur le respect des normes techniques et financières) et les règles de forme (qui portent sur la procédure à suivre) a été mise en avant comme étant cruciale dans l’évaluation légale des décisions d'autorisation.
- Code de l'environnement - Article L. 512-7-3 : « Le préfet ne peut prendre l'arrêté d'enregistrement que si le demandeur a justifié que les conditions de l'exploitation projetée garantiraient le respect de l'ensemble des prescriptions... »
Cette décision souligne donc l'importance d'appliquer les réformes législatives en matière d'environnement, même si les faits pertinents se sont déroulés avant celles-ci, afin de garantir le respect des normes les plus strictes pour la protection de l'environnement.